dimanche 22 janvier 2012

2012 : année du DRAGON

23 janvier 2012.

Bonheur, prospérité et longévité pour les bonnes volontés.

豐度 fēng dù - abondance naturelle, pour chaque foyer.

A l’univers entier: « Bonne année ! 新年好  xinnián hao »


STEP 3: rebranding pour FAnambinana MAdagasikara – FAMà.

Voici le logotype ouvragé patiemment durant ces deux dernières années (1). C’est le cœur de notre bannière, désormais.

Solidaires, nous triompherons aux présidentielles.

Ensemble, nous offrirons à MADAGASIKARA la prospérité.





Tompokolahy sy tompokovavy,


Matezà rohitina ny aina !
Mandïna ronono ny isan-dovia !

Mirija tomady ny isam-batanolona,
Iririavan-tantely ny isan-tokonana.

Ambinina avokoa ny ambanilanitra,
Miadam-pinaritra ny tany aman-danitra.

SALANITRA ê …!


                          RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey


                                              Ho Filoha manambina ny Firenena





 . (1)  Toute notre reconnaissance à notre directeur de création.

Katanà SAINA FOTSY: “ MIHATAKATAKA AHO FA OLON-DEHIBE.”

Katanà SAINA FOTSY

Hoy ny ankihikely: “Noana aho izany.” 


Ny manara-poana: “Noana tsy mangalatra !?” 


Ny fanondro adala: “Mangalatra tsy very ?!” 


Ny fanondro: “Very tsy avotana !!”


Hoy ny ANKIHIBE: 

“MIHATAKATAKA AHO FA OLON-DEHIBE.”





L’événement d’hier à Ivato aura servi, aux observateurs de tous ordres, de baromètre de la situation sociopolitique actuelle. 

Galvanisées, les troupes de monsieur Marc Ravalomanana auront toutes raisons de vouloir pousser leur avantage, à la fois médiatique et numérique, sur le terrain de la rue. 

Ayant louvoyé devant le face-à-face, monsieur Andry Rajoelina et consorts se retrouvent désormais acculés, contraints de puiser dans leurs ressources militaristes et policières pour contre-attaquer avec une férocité facile à imaginer. 

D’où la prépondérance d’une conclusion sommaire au sein des chaumières : la guerre civile tape-t-elle à nos portes ?

Pour ma part, je me refuse d’y souscrire. Et ce, malgré la psychose ambiante de l’interventionnisme forcené des vampires actionnaires de la financiarisation extrême. Mystification du fameux « mpaka rà » ou contes à dormir debout ? Peu importe ! Ambanilanitra, sous la protection du ciel, nous sommes. Le Fanahy demeure en nous. (1)

L'affrontement direct, a priori imminent, entre les partisans des deux manipulateurs suscités présente peu de risques de déboucher sur une guerre civile généralisée sur toute l'étendue du territoire national. A cette effroyable éventualité, il manquera ces déclencheurs identitaires explosifs:

1. Culturel, différence d’appartenance ethnique ou de provenance régionale.

2. Socio-économique, assimilable à la lutte des classes.

Les partisans des deux camps en présence sont, en majorité et à quelques exceptions près, issus d'une seule et même bulle: classe moyenne mercantile - bourgeoisie bigote. Le phénomène se circonscrira à l’intérieur de leurs sphères d’influence respectives. Autrement dit, ils s'en voudront surtout entre eux. Les débordements collatéraux auront donc peu d’ampleur quoique regrettables, aussi minimes soient-ils.

A mon corps défendant, je précise et souligne. Ce point de vue froidement analytique n'altérera en aucun cas mon optimisme humaniste essentiellement non-violent. Toute vie humaine est unique, donc précieuse. Seules les opinions, au pire, devraient être détestables.

Pour terminer, je hurle ma vérité. Jusqu’à quand le culte aveugle des personnages invraisemblablement messianiques fera-t-il des ravages au sein des crédules idolâtres ? 

Tandis que ces derniers iront éventuellement s’entre-déchiqueter, leurs faux dieux s’amusent à marquer des points sur leur échiquier d’égocentriques mal élevés. 

Qu’attendent-ils pour débusquer leurs patrons respectifs en train de jubiler machiavéliquement, les doigts crispés sur les manettes, devant leur tableau de pilotage virtuel ? 

Les morts et les blessés, eux, ont toujours été et seront bien réels.

Puissé-je me tromper !

« Mihatakataka aho fa olon-dehibe.”

Tompokolahy sy tompokovavy, ny aina no matezà.


Antsirabe, 22 janvier 2012


RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey

FAnambinana MAdagasikara – FAMà.


Post-scriptum:

Ce matin, un inconditionnel du fuyard politique m'a rudement interpellé: 
"A la place du ramosé, qu’aurais-je donc fait ? »

Ma réponse:

«  Primo, j’aurais commencé par m’épargner son autisme et sa mégalomanie pour préserver mon pays de sa mauvaise gouvernance.

Secundo, j’aurais démissionné proprement et appliqué à la lettre La Constitution dès janvier 2009. Hors de question pour un authentique Président de la République de jouer par inconscience au « Après moi, le déluge ! ».

Tertio, je serais rentré coûte que coûte au pays – c’était techniquement possible ! – J’aurais fait confiance au deal engagé avec le Premier Ministre, monsieur Omer Beriziky, et les instances internationales afin de concrétiser la Feuille de Route, unique option opératoire pour engager les élections. 

J’aurais évité sa couardise hypocrite et endossé avec courage et dignité mon statut de persécuté. Je serais donc descendu à l’endroit où les forces de l’ordre voulaient m’appréhender, loin de mes partisans que j’aurais ainsi protégés. D'éducation guerrière, j’aurais assumé mon rôle de « Tale » et aurais certainement fini par gagner sur l’adversité en toute limpidité. »

Réaction d’en-face : « C’est trop facile de jouer les héros sur papier ! »

Ma répartie : 

« Fin février 2002, pendant que votre protégé déprimait juste après son coup d’éclat, j’ai fait mes preuves sur le terrain avec mon « jô » sur le dos pour coordonner autour de Faravohitra les barrages de sécurité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Cela m’a pris toute l’année. Rajoutez-y la mobilisation civile permanente et les messages quotidiens d'appel à la paix et la tolérance mutuelle sur la station FM Radio-Mada. "Salanitra ê ! Tratry ny maraina isika mianakavy", tous les jours à 6 h 15 qu'il vente ou qu'il pleuve jusqu'à la mise en place de la Chambre Basse à la fin de l'année. J'y ai englouti toutes mes économies sans attendre aucune autre contrepartie qu'un peu plus de justice sociale à l'endroit des démunis. 
Comme j'ai publiquement engagé ma parole d'honneur de citoyen loyal et désintéressé, cela a servi de catalyseur auprès de la population qui m'a fait confiance. J'ai donc poliment décliné toutes les belles offres de poste politique proposées par le TIM head-staff... Soi-disant pour services rendus mais avec l'intention manifeste de capitaliser et d'exploiter mon charisme de l'époque. Désolé, la rigueur de mon éthique personnelle ignore ce qu'est la corruption. Effectuez vos enquêtes et vérifiez par vous-même si vous en doutez. 

En 2009, tandis que vous tous désertiez, je lui ai encore couvert ses arrières malgré sa fuite éhontée pour faciliter l'exfiltration des siens. Je l’ai fait malgré son hostilité à mon égard pour avoir, dès 2007, osé dénoncer dans les médias ses propres abus et les excès de son entourage. La paix civile et l’intérêt national sont, pour mon éthique, à mettre au-dessus de toute affaire personnelle. Inutile de rappeler ce que ces actions m'ont valu comme représailles de la part de la HAT. Ce que je viens de vous dire, est-ce encore du sur papier ? 

Dernière précision, si vous le permettez. Même si brasser du théorique et de l'abstrait me plaît, désolé de vous décevoir mais je m'engage aussi dans la pratique, dans le concret pour de vrai. Je vis au rythme de mes voisins tireurs de pousse et lavandières, réparateurs de vélo et gargotiers, tous les jours que le bon Dieu fait. C'est aussi pour les défendre que je me porte candidat aux présidentielles. Osez donc m'élire et mettez-moi à l’épreuve malgré vos préjugés ! »



(1)    https://www.facebook.com/pages/R%C3%A9volution-Mondiale-Gestion-Populaire/125782834162197

mercredi 18 janvier 2012

ITW L'Hebdo de Madagascar du 06 janvier, version originale.

Version originale de l'interview de VAHöMBEY, parution dans l'Hebdo de Madagascar N° 0360 du vendredi 6 au jeudi 12 janvier 2012. Propos recueillis par Haingo Rarivoson. 




Artiste-Musicien.

Candidat aux présidentielles.






















"Le culturel est le début et la fin de tout"
On connaît le philosophe, l’anthropologue et l’ethnomusicologue. Mais Vahömbey est aussi un ex-enseignant à l’université, consultant en coaching et communication. Il développe aujourd'hui l’ingénierie culturelle pour devenir proactif à plus grande échelle. Également poète, musicien et instructeur de karaté-do, Vahömbey est aujourd'hui politicien par conviction. Et il n'entend pas parler la langue de bois.
 Y-a-t-il selon vous, une philosophie propre au Malgache ?
Philosopher, c’est penser et exister pour donner sens à la vie. Quand on devient de plus en plus attentif, on se crée une vision du monde. On intègre mieux les spécificités culturelles pour les exprimer de façon plus explicite. Par exemple, le soubassement des références identitaires : famille, clan, ethnie, peuple et race. Ou le fondement des croyances et des pratiques religieuses : animiste, panthéiste et monothéiste. Voire, l’assise des doctrines politico-économiques. Aussi, parler de philosophie malagasy amène-t-il à s’interroger sur une vision du monde hypothétiquement commune à tout un peuple. Plutôt délicat comme sujet, non ? Voilà pourquoi, il compte parmi les thèmes évoqués dans mon livre, un essai intitulé " Sahalanitra - Jardin du ciel - Garden of heaven ", à paraître cette année-ci.
Quelle serait cette vision hypothétiquement commune ?
À mon avis, la particularité culturelle du Malagasy est sa proximité avec Dieu, Père-créateur. Tout découle de ce postulat : la conception cosmogonique, la table des valeurs, le système normatif et le mode de production économique. Considérer à sa juste valeur l’identité nationale, et notamment sa reproduction, contraint le philosophe avide de vérité à s’interroger au moins sur ces aspects-là. Quelle résolution concrète adopter ? Bâtissons ensemble le tanin-taranaka (1), à la fois terre des descendants et patrimoine universel de l’humanité, pour donner consistance au Tanindrazana. Faisons-en une authentique Patrie et arrêtons de le réduire à notre pré carré ancestral de provenance ! Là où se localise le caveau ou le poteau tutélaire, hazomanga. Enrichissons-nous de nos différences au lieu d’en faire nos entraves ou nos geôles. L’hypocrisie ambiante nous amène trop souvent à affirmer que l’enfer, c’est les autres. Si nous souhaitons les voir changer de mentalité, ce dont tout le monde parle, commençons par nous améliorer nous-mêmes d’abord. Incarnons le modèle du Malagasy idéal, résolument incorruptible pour commencer, que nous voulons voir enfin émerger pour ce troisième millénaire. Nous sommes tous humains, créatures de Dieu sans aucune discrimination, d’abord et avant tout.
Vous avez toujours véhiculé l’idée du Mahaolona,  du Fiarahamonina. Quelles sont vos définitions de ces termes ?
Dzaovelo-Jao Robert, chercheur universitaire, énonçait déjà dans la revue numéro 11 de l’ISTPM parue en 1991 : olombelona puis olom-banona et enfin olon-kendry. Humain vivant, responsable et sage. Pour que la société puisse apprécier« Izany ka olona ! », il faut cultiver et entretenir en soi le Maha-Olona, le divin en l’humain. Grâce à l’éducation reçue, se sentir partie intégrante du milieu naturel et se comporter en responsable dans le milieu social. Finir par se forger sa propre éducation en aidant le divin à s’épanouir à l’intérieur de soi. Telle est la sagesse. Le Maha-Olona, ce qui fait l’homme, c’est Dieu. Le mahaolona, c’est la transcendance de l’homme qui connecte son âme avec celle de Dieu. « Ny fanahy no mahaolona. » Par extension, le mahaolona peut s’assimiler au processus qui soutient l’avènement de l’homme générique et authentique : Olona. Ce dernier, divinement enrichi, irradie de chaleur humaine et génère naturellement autour de lui l’élan de solidarité - fihavanana – liant de l’harmonie sociale, le fiarahamonina. En définitive, seul le Olona méritera le statut de razana – ancêtre - quand il aura trépassé. Les siens l’évoqueront pour leur apporter bénédiction. Pourquoi ? Parce qu’il leur aura porté une attention généreuse et soutenue durant son existence terrestre. À l’exemple de Dieu aimant sans conditions ses enfants tel un père plein de mansuétude. Sinon, le verdict populaire tombera : « Raha razana tsy hitaha, mifohaza hiady vomanga ». Tout défunt n’est donc pas obligatoirement ancêtre. Devenir razana se mérite. 
Vous êtes également un farouche défenseur de la langue malgache. Mais le culturel est-il tout ?
Le culturel, dont la langue est un élément-clé, détermine tout. Qu’on parle économique, social, politique, éthique, esthétique ou mystique. La plus grossière erreur commise par les concepteurs du fameux MAP du régime déchu, a été de reléguer le culturel en bout de chaîne. Vérifiez si vous en doutez. Réaction populaire des plus sensées : la route ne se mange pas ! Le copier-coller aveugle du néo-libéralisme, doublé de népotisme avec la théocratie en arrière-plan, s’est avéré scandaleusement néfaste dès 2007. La disparité des revenus par ménage a commencé, par exemple, à se creuser vicieusement. En tirant la sonnette d’alarme en haut lieu et dans les médias à l’époque, je n’avais récolté que mépris et menaces. Quand le riverain se sent assimilé à son propre zébu en train de regarder défiler les 4x4 à 130 km/h vers Nosy-Bé sur l’excellente RN6, … Pourquoi s’étonner de se faire vomir en 2009 ? Parlons à peine du régime actuel qui n’excelle que dans le paraître et l’usurpation au détriment de l’être et de l’authenticité. Tsikalakalam-pihavanana, les apparatchiks de la HAT savent-ils ce que c’est ? Je crains que leur éducation ne se soit bloquée sur le tsikalakalam-bola ! 
Sur votre blog, vous parlez du Malagasy immobile et inexpressif quoique vigilant et attentif. Comment cela est-il arrivé ?
Depuis les temps immémoriaux, celui de Lémuria comme repère, l’inconscient collectif malagasy scintille d’un éclat de sagesse vivifié au fil du peuplement : vazimba, austronésien, malais, hindou, juif, arabe, africain, européen, indo-pakistanais, chinois, … Et j’en oublie. De quoi désarçonner les observateurs habitués à interpréter fébrilement des traces de civilisation matérielle ! Notre authenticité est inscrite dans nos cellules pour s’exprimer à travers notre sens aigu de la spiritualité. Elle ne peut se figer dans les vitrines d’un musée pour s’exposer comme un banal objet de curiosité. Face à la décadence actuelle, sommes-nous lâches ou masochistes ? Stoïques ou indifférents ? C’est peut-être tout ça confusément. Mais avec un petit plus à côté, un bonus qui fait notre différence. Nous sommes croyants. « Andriamanitra tsy andrin’ny hafa, andrasantsika hatrany. » La sagesse, générée par la foi, permet de se concilier le temps. Cela a un nom, l’espérance.
N’est-ce pas le résultat de trois années de crise ? Ou de cinquante ans d’errements ?
Arrêtons de nous focaliser sur nos quelques cinquante années d’indépendance. Pourquoi qualifier d’errements ce qui n’est qu’errance ? Pardonnons-nous ce genre d’offense qui consiste à nous culpabiliser en dénigrant systématiquement notre passé. Débarrassons-nous de tout stigmate si nous voulons avancer. La crise actuelle est fatalement dans l’ordre des choses. Nous nous complaisons, quelques fois malgré nous, à penser : « Crise, crise, et crise ! ». Et voilà le résultat, nous nous engluons effectivement dans la crise. Trouvons-lui donc une utilité, celle d’apprendre à changer. La loi d’attraction universelle veut qu’il se produise ce que nous pensons, disons et faisons. Soyons désormais résolument positifs et uniquement constructifs. Essayons et nous le verrons. Je tiens le pari à ce sujet. Même à vingt millions de compatriotes contre un. Êtes-vous preneur ? (sourire)
Quelle serait selon vous, la meilleure manière de vivre ou de survivre à cette crise ?
Parlons plutôt de vivre que de survivre, voulez-vous ? Nulle raison de s’effrayer. Envisageons la situation actuelle sous ses meilleurs aspects. Les activités professionnelles ralentissent-elles ? C’est du temps et de l’attention à offrir au foyer. Le budget du ménage devient-il maigrichon ? C’est le moment d’adopter un genre plus sain d’alimentation. Le carburant est-il hors de portée ? Autant marcher, c’est meilleur pour la santé. Au lieu de s’épuiser à souffrir du manque, saliver d’avance pour l’imminence de l’abondance. Sourire et rire des bêtises des politiciens, les bénir plutôt que les maudire. Sentir et penser, dire et écouter, agir et réagir… Unique ligne de mire : toujours positif.
Vous êtes aujourd’hui à la tête du mouvement humaniste FAMà. Comment vous situez-vous par rapport à la Transition ?
Dès le 06 juillet 2009, tout en annonçant publiquement notre propre candidature aux présidentielles, nous avons revendiqué la tenue des élections. Jusqu’à maintenant, nous patientons. Nous sommes de l’opposition mais résolument hors toute mouvance ou plate forme. Aucun ministre, ni CST, ni CT. C’est un choix délibéré. À chacun, son éthique. L’ancien boss d’Iavoloha a-t-il lâchement détalé en 2009 en semant la zizanie derrière lui ? Faisant fi de toute rancœur personnelle, nous lui avons couvert ses arrières malgré les gros dangers courus. Il fallait absolument atténuer la menace sur la paix civile. Conséquences: mandat d’arrêt, heureusement non-exécuté, et autres désagréments fastidieux à énumérer ! Nous l’attendons de pied ferme cet allumeur de bagarre qui compte ne jouer les héros que bien après le chaos. On se verra aux élections. Elles solderont les comptes et sonneront aussi le glas pour les prédateurs actuels de la Nation. 
Quelle serait la solution à la crise, pour l’anthropologue que vous êtes ?
Pourquoi l’anthropologue, comme vous dites, trouverait-il spécialement des solutions miracles ? Si mes pairs, et de loin meilleurs que moi, se taisent jusqu’à présent, je ne m’aventurerai pas non plus à me prononcer en tant que tel. Tout le monde se persuade qu’il n’y a que les élections pour clôturer ce chapitre vécu depuis 2009. Comment y parvenir ? Laissons la HAT, ses partenaires et ses alliés autant que ses ennemis et ses adversaires, en décider. Je demeure toujours « immobile et inexpressif quoique vigilant et attentif ». Je suis zen. J’attends mon heure. Elle commencera normalement avec les élections. À moins que les circonstances n’en décident autrement. Là, on avisera. Comme disent les musulmans : Inch Allah, à la grâce de Dieu.
En juillet 2009, vous annonciez votre candidature aux présidentielles pour un mandat unique. Vahömbey, président de la République, quelles seraient ses priorités ?
En ce qui me concerne, exercer un unique mandat est suffisant. Priorité à la paix sociale et la quiétude pour le pays. Redonner confiance aux citoyens et les encourager à s’investir à fond pour la Nation afin que celle-ci prospère enfin. Pour y parvenir, premier impératif : la bonne gouvernance. La Haute Cour de Justice est à installer d’emblée avec les mesures nécessaires pour que son indépendance soit inviolable. Tout le monde sans exception se soumettra à la Loi. À commencer par le Président de la République qui se comporte d’abord en premier serviteur de la Nation avant de prétendre s’imposer comme Chef d’État. Je serai donc intraitable en matière de corruption et d’injustice. Parole d’honneur ! Deuxième impératif : la transparence. Chaque ariary de l’État sera comptable. Personne ne se dérobera aux obligations d’audit qui lui seront imposées. Comme le contribuable est le principal actionnaire de l’État, les comptes doivent lui être rendus avec un maximum de clarté. C’est son droit absolu. Ainsi honoré, il s’acquittera de son devoir avec plus de conviction. Ces mesures basiques comptent parmi les principales clés accrochées à notre trousseau du développement. S’y rajoutent d’autres comme le recensement général de la population et la mise à jour de tous les indicateurs nécessaires. Tout sera à étaler à plat sitôt la parenthèse 2009 fermée. Se clarifier une vision synoptique des réalités aidera à mieux hiérarchiser les priorités.
Quels sont les fondements du programme politique que vous avez publié en novembre 2011 ?
FAnambinana MAdagasikara - FAMà, mouvement humaniste, se situe politiquement à gauche. Aussi, la justice sociale est-elle notre cheval de bataille et le plein emploi productif balisé par le travail décent, notre gageure. Bâtir le tanin-taranaka est, pour nous, un idéal qui invite à se préoccuper de l’épanouissement des jeunes. D’où l’importance accordée aux trois volets de l’éducation: formelle, non-formelle et informelle. Pour que la perspective du développement s’élargisse correctement, il faut soutenir la recherche conventionnelle et non-conventionnelle ainsi que la créativité en général. Des efforts seront déployés pour atténuer toute forme de discrimination, notamment en terme de genre. Nous saurons faire preuve de vigilance pour la sauvegarde de l’environnement naturel et la gestion du domaine foncier. La terre est plus qu’une mère nourricière pour nous Malagasy. C’est le socle de notre symbolique du sacré.
Une vision politique fondée sur le culturel dans une société en perte de repères, n’est-ce pas trop ambitieux surtout pour un unique mandat présidentiel ?
“ Mpiandry omby volavita, tsy tompony fa mpamerina an-dohany”. Le gardien du zebu sacré n’en est pas le propriétaire. Il est simplement celui qui le remet dans le droit chemin. Seul Dieu, Père-Créateur, détient le pouvoir sacré évoqué par la caractéristique particulière du zébu. Le gouvernant auquel il le confie n’a comme mission que de l’exercer provisoirement pour le bien du peuple. Dans ce contexte, peuple signifie ambanilanitra, ceux qui sont sous le ciel, c'est-à-dire sous la protection du ciel. Et non vahoaka, la foultitude au statut indéfini. Assumer le rôle de Président de la République, dans cette optique, n’est ni un sacrifice ni un devoir. C’est juste un service, celui de frayer la voie pour l’avènement du Maha-Olona à Madagasikara. Autrement dit, aider les ambanilanitra à émerger du brouillard et à lustrer les repères maculés par l’histoire pour les faire briller sur la place centrale du village global. Préparons-nous pour l’envol d’une telle ambition pour la Nation. Le compte à rebours a déjà été déclenché. Prêtez attention à votre silence intérieur et vous l’entendrez.
Comment vous assurez-vous de l'aboutissement de ce projet ?
Depuis des siècles que nous patientons dignement, la situation internationale n’a jamais été aussi favorable pour nous qu’aujourd’hui. La financiarisation excessive de leur économie fragilise de plus en plus les puissances dominantes qui finiront par tempérer leur arrogance à notre endroit. Il est temps de se repositionner intelligemment sur l’échiquier des rapports de force. L’équilibre mondial est à la recherche d’un meilleur point d’appui et d’un nouveau paradigme macroéconomique. Le new deal keynésien (2) compte actuellement parmi les alternatives les plus séduisantes. À nous désormais, de déterminer une politique financière en cohérence avec la politique budgétaire et d’investissements publics à la taille de notre prise d’élan. Une stratégie de relance par les salaires sera donc privilégiée malgré la frilosité prévisible de certains milieux financiers. D’autant que notre trilogie « mieux-vivre, développement et prospérité » aura à résoudre l’équation fétiche de tout gouvernant idéaliste de gauche : une croissance sans inflation avec un taux d’emploi élevé. Pour y parvenir, nous ferons preuve de pragmatisme. D’une part, en collaborant étroitement avec la société civile. Et de l’autre, en considérant à juste titre les critiques de l’opposition. Humanistes, nous détenons la clé pour faire avancer les gens et bouger les choses : l’affect.
Vahömbey, ce nom a-t-il une signification particulière ?
Le vahömbey est un aloès endémique du sud de Madagasikara, surtout l’Androy. Il s’utilise pour la pharmacopée locale et constitue la symbolique du sacré quand il se retrouve au coin nord-est d’un village. Il représente dans ce cas précis le lien entre la terre et le ciel.On me l’a suggéré comme nom de guerre au sortir de mon apprentissage initiatique auprès des pratiquants ésotéristes et des guerriers issus de ma famille antandroy. Je l’ai adopté par la suite comme nom d’artiste. Je tiens à faire honneur à la noblesse de sa signification et à la profondeur de son sens. C’est ce nom qui me porte, et non l’inverse. Le respecter intimement en tant que nom d’un président de la République sera donc pour moi un impératif absolu. Rien que pour continuer à le mériter dignement, je me promets de sortir de mon mandat présidentiel la conscience claire et le cœur léger. Le concept de Vahömbey, sans faire référence au personnage ni à la personnalité, est synonyme de Sacré.
Le 21 décembre 2012, jour de la fin du monde. Y croyez-vous ? 
Demain ou à cette date-là, peu importe. Toutes les grandes civilisations, dont maya, en ont parlé depuis très longtemps. C'est l'avènement d'un monde nouveau. La pendule atteint la fin de sa course vers le mal et revient dans le sens du bien. C'est ce qui expliquerait le bouleversement actuel. National comme international. Il suffit pour chacun de se préparer convenablement. Apprendre à vivre, c’est se tenir prêt à mourir à tout instant. Personnellement, je crois plus à la prophétie de l’amour et de la vie qu’à celle de la haine et de la mort. L’amour l’emporte toujours sur la mort. C'est juste la fin d'un cycle et le début d'un autre. La transition peut aussi s'effectuer tout en douceur.



(1) Concept en vigueur à l'Académie Malagasy depuis une dizaine d'années.

(2)  “Redistribution, global imbalances and the financial and economic crisis”, international  journal of  labour  research, 2011 / Volume 3 / Issue 1, International Labour Organization, Geneva, 2011. Author: Eckhard Hein, Berlin School of Economics and Law.



Source de la publication: blog de Haingo RARIVOSON, journaliste à l'Hebdo de Madagascar. 

samedi 14 janvier 2012

福禄寿 Bonheur, prospérité et longévité

新年好  Bonne année !

A ma fille,

Bonne année 2012 !

L’hiver doit être rude là-bas en Europe où tu es partie étudier. Ici où je suis en court séjour, il ne neige pas comme chez toi mais la température avoisine quand même les 3 degrés Celsius. Je t’écris du bout du monde, dans le sud de l’ancienne empire du Milieu, La Chine. Comment te décrire tout ce que je découvre ? Le fougueux maoïste que j’étais durant ma jeunesse, voit de ses propres yeux comment la Chine s’éveille en ce début du troisième millénaire (1). Un véritable dragon qui va se déployer plus majestueusement encore cette année-ci, 2012.

Guangzhou, anciennement Canton. Ici, la Rivière des Perles
Question progrès, c'est géant ! Très moderne !! Ici à Guangzhou se trouve le haut-lieu du trading, transactions commerciales, depuis au moins le XVIème siècle (2). Des galeries, des boutiques, des magasins et des étals à ciel ouvert. Partout ! Et il y a de tout. Les jeunes, très bosseurs au demeurant, sont à la pointe de la mode et adoptent un look hyper-tendance. Il suffit de les voir arpenter Beijing road, podium mondial du fashion-show, pour s’en convaincre.

Autre curiosité découverte sur Beijing Lu, coeur de la mégalopole : le long de l’artère centrale sont enfouis, respectueusement sauvegardés sous les dalles piétonnières, les vestiges historiques de l’ancienne cité. Pour ainsi dire, la modernité d’un présent flamboyant implantée et greffée sur les ruines d’un passé glorieux. Sacrée dialectique en perspective, n’est-ce pas ? De quoi ruminer en silence tout en léchant les vitrines des boutiques qui affichent en lettres géantes multicolores les labels les plus prestigieux !

Les gens d’ici fêtent leur début d’année, celle du dragon pour cette fois, le 23 janvier 2012. Pour eux, c'est hautement symbolique et profondément culturel. Après s’être munis de beaucoup de cadeaux, ils commencent tous dès maintenant à partir en vacances, rejoindre leurs familles pour présenter des voeux à leurs parents restés à la campagne. Leur sens de la famille est impressionnant !

Ici, tout commence à fermer pour ne reprendre que vers mi-février. Toutes les activités ralentissent fortement, sinon s'arrêtent carrément. La ville se déserte déjà petit à petit. Ceux qui sont encore là commencent à nettoyer leurs bureaux, leurs magasins et leurs boutiques puisqu'à leur retour, tout doit être rénové et propre pour le bonheur, la prospérité et la longévité durant toute la nouvelle année. Donc, actuellement, ils brûlent les vieux papiers de dossier et se débarrassent des poubelles. Bref, ils ferment le passé et s'acquittent de leurs dettes. Je suis dubitatif devant une telle expression d’intelligence culturelle !

Leur début d'année n'est pas comme pour les occidentaux, mécaniquement tous les 1er janvier, par routine bon an, mal an. Non, le leur change chaque année selon les indications de leur astrologie à la fois solaire et lunaire. Je trouve que c'est nettement plus sensé et plus naturel puisqu'ils s'harmonisent ainsi avec la progression logique du flux temporel. Normal qu'ils représentent l’une des pièces maîtresses de leur nation ! Ils cultivent le sens du sacré grâce à leur civilisation hautement millénaire. L’habileté en commerce est aussi un réflexe acquis depuis des siècles, Hong-Kong étant la porte d’à côté. Vient s’y greffer comme valeur ajoutée, la rigueur de la discipline imposée par le communisme chinois malgré l’éloignement géographique de Beijing, citadelle  politique. Difficile de réaliser tout ça sans être épaté ! 

Tu sais, ils travaillent 7 jours sur 7 à longueur d'année et ne prennent leurs vacances, tous en même temps, qu'une fois dans l'année comme maintenant. Alors, tu imagines leur capacité de production, plus leur très forte expérience en commerce. Ils ont tout chez eux. Leurs produits atteignent le top, du mets gourmand au microscope et autres instruments de grande précision. En plus de cette démarche qualité, ils appliquent aussi une stratégie de marketing ouverte. Ils mettent à disposition des prix et des qualités différents selon le goût et le pouvoir d'achat du client. Du sur mesure, autant que possible. Tout prospect qui franchit le seuil doit repartir comme client satisfait d'avoir bien dépensé.

Ils n'ont besoin de l’extérieur que pour les références à perfectionner, importer certaines matières dont ils peuvent manquer afin de mieux inonder, par la suite, le marché. Le mandarin se parle dans la rue, dans une moindre mesure le cantonais, et à peine des rudiments d’anglais, … Le français ? Personne ne connaît. Autant parler malagasy, ça sonne mieux pour dialoguer ! C’est fou cette autonomie et cette fierté nationales qu’ils affichent mine de rien. Pas étonnant du tout s’ils s'échinent à vouloir dépasser les Etats-Unis pour devenir leader de l’économie mondiale. Peut-être même leader tout court ?

Leur sens esthétique est hautement saisissant ! Du délire de l’architecture au design du plus infime objet. Leur minutie est palpable, les moindres détails sont criants de vérité. D'ailleurs, leurs gratte-ciels respectent le feng-shui, la circulation du chi, de l'énergie. Ici, les inconditionnels des codes esthétiques occidentaux perdraient bien vite leur grec ou leur latin dans le domaine des formes, lignes et courbes ou en matière de couleurs, tons et nuances. C'est fou comment l’énergie se palpe pour peu qu’on y soit sensible ! Harmonie et puissance. Stabilité et équilibre. Prospérité et abondance.

Petite anecdote : je prends un ascenseur. Des yeux, je cherche 4. Non, ce chiffre n’y figure pas. Puis on m’explique qu’ici on évite, autant que possible, de trop l’utiliser. Il suggère l’indéfini. Néfaste ou non ? Je l’ignore encore. Le chiffre 8, par contre, indique la plénitude et la porte du bonheur. Intrigué, je me tais. Pour l’instant, je mets ce mystère de côté. Chaque chose en son temps. Viendra bien le moment pour mieux m’interroger pourquoi.

Mon regard est-il trop idyllique ? Loin des mauvais clichés fortement médiatisés par leurs ennemis jurés, leurs adversaires de plus en plus effrayés ? Serais-je sous influence d'une propagande communisante insidieusement subséquente ? Sincèrement, il me faudra du recul pour mieux me secouer les idées. Mais au moins, là maintenant, je me convaincs de me débarrasser de mes anciens préjugés. Comment la Chine fait-elle pour continuer à grandir comme grande nation ? Je finirai bien par trouver réponse à cette belle et bonne question. 

Il est vrai que j’ai encore vu peu de choses, à peine entrevu les ruelles sombres et les bas-fonds des quartiers populaires. Derrière les artères bien illuminées ne se tapit-elle pas la pauvreté ? Fort probable, à chaque médaille son revers. Dans les campagnes de leur immense territoire, m'avoue-t-on, des brassées entières de population croulent encore sous la pauvreté et agonisent dans la pire misère. Face à tout ça, on verra bien dans dix ans comment la Chine évoluera. Pour l’instant, je m’instruis de ce que je vois et prends leçon des meilleurs aspects. Mon idéal pour notre pays trouve ici, comme prévu, de quoi s’inspirer.

Ah ! Avant que je n’oublie. Mon premier janvier, un dimanche pour cette année, je l’ai vécu comme je l’aime bien. Messe à la cathédrale du Sacré-Cœur, un monument séculaire de la ville, où les africains sont vingt fois plus nombreux que les asiatiques. Plutôt déroutant au premier abord ! Premier jour du calendrier grégorien en Chine, office en anglais pour un francophone luthérien priant dans une cathédrale catholique au milieu d’africains au look extravagant pour certains. C’est peut-être ça aussi finalement le village global, non ?

Hier, cadeau de la vie et clin d’œil du destin. J'ai eu l'occasion de méditer dans un authentique temple bouddhiste. Le premier vrai temple de ma vie, en Asie ! Je te laisse imaginer… 

Guangzhou, Liurong temple

Tu voudras bien, ma fille, transmettre à tout le monde sans exception mes vœux les plus sincères ? Dis à chacun de ma part :

恭喜发财  Soyez heureux et prospère.


Guangzhou, vendredi 13 janvier 2012.


RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey.

FAnambinana MAdagasikara – FAMà.



(1) Pour plus d’informations, voir www.web-libre.org

« Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera. » Cette phrase prononcée par Napoléon 1er à Sainte Hélène en 1816 est prophétique. Alain Peyrefitte l’a reprise comme titre de son livre paru en 1973. Cet ouvrage, classé parmi les grands classiques, décrit la culture millénaire chinoise et explique les dessous de la révolution culturelle dirigée par Mao Tsé-Toung. Pour mieux comprendre comment le monde se rééquilibre aujourd’hui, il peut s’avérer utile de s’y référer à nouveau.

(2) Source : Wikipédia

Avec près de 12,7 millions d'habitants (dont 11 070 000 résidents urbains sur un territoire de3 843 km2), c'est la troisième ville la plus peuplée du pays derrière Shanghai et Pékin, et la première du Sud de la Chine. Avec les villes de Shenzhen, Foshan, Dongguan, Zhongshan, et Jiangmen, elle forme la mégalopole chinoise du delta de la Rivière des Perles, grande agglomération s'étirant sur près de 20.000 km² et rassemblant près de 40 millions d'habitants. Elle a accueilli les Jeux asiatiques de 2010.

Capitale de la province du Guangdong, la province de Chine continentale la plus riche en termes de PIB, elle contribue beaucoup à la production des richesses du pays. Guangzhou est la principale plaque tournante des produits manufacturés du delta de la Rivière des Perles, et l'une des principales agglomérations commerciales de la Chine continentale. En 2009, le PIB nominal de la ville a atteint 911,28 milliards de yuans, soit 133,5 milliards de dollars américains USD, celui par habitant étant de 89.498 yuans ou 13111 dollars. La Foire de la Chine Import et Export, également appelé "Foire de Canton", est organisée chaque année en avril et en octobre par le ministère du Commerce chinois. Inaugurée au printemps de 1957, (…) c’est l'une des plus grandes foires commerciales du monde. On y négocie aussi bien du textile que de l'électronique.