dimanche 26 janvier 2014

TENY MAMY.

Mampihatra ny lalàn’ny fitiavana ny Mpanazary. Tsotra izany lalàna izany : mitia tsy ankiandry ho tiavina. Noho izany, tia ny rehetra. Tia manontolo tsy misy fetra, tsy misy fepetra. Rehefa te-handavorary ny voaàry ny Mpanazary dia io lalàna velon’ny fitiavana io no ampihariny lalandava. Ary isika rehetra tsy ankanavaka, isika mianakavy dia samy afaka mijoro ho Mpanazary avokoa.

Teraka ankehitriny ny Repoblika Malagasy faha-efatra. Migadona ny fotoana izay nandrasantsika Malagasy efa ampolotaona maro. Matoa Andriamatoa Rajaonarimampianina Hery no Filohampirenena dia izy no notinendrin’Andriamanitra-Andriananahary ho mpiantsoroka izany adidy masina izany. Mazava ny votoatin’ny kabary niezinezina nataony nandritra ny fianianany teo anoloan’ny tany aman-danitra ho antsika rehetra ambanilanitra. Mpiandry volavita ihany izy. Tsy tompony fa mpamerina an-dohany.

Koa ndeha hiara-hisalahy avokoa isika rehetra eo amin’ny sehatra misy antsika tsirairay avy. Tsy mitaky n’inon’inona avy amin’iza na iza izany ankoatra ny fampiharana io lalàna velon’ny fitiavana voalaza etsy ambony io : mitia tsy ankiandry ho tiavina. Anjarantsika ny mandavorary ny tenantsika sy ny manodidina antsika rehetra. Isika no miara-mahatonga nofo ilay Madagasikara lavorary nofinofintsika.

Ndeha rariana fatratra hoe mitosaka ny fahasoavana. Ndeha andrandraina ny fanambinana. Ndeha sarihana amin’ny tsara avokoa ny manodidina antsika. Manomboka amin’ny ao antokantrano, ny mpiray vodirindrina, ny mpiray anton’asa aman-draharaha. Ndeha zarina amin’ny làlana tokony alehany avokoa ny zanantsika, ny zandrintsika, ny havantsika, ny namantsika. Eny, hatramin'ireo izay ahiahiantsika ho fahavalontsika.

Tsy miana-kendry mitondra tena toa anjely latsaka an-tany akory izany, nefa tsy misary adala manary fanahy ihany koa rehefa mba manala hamohamom-piainana satria kirianan’ ny rotoroto andavanandro. Manome làlana izay poritra fa tsy bontolo mibahana ny anjaran’ny hafa. Mifehy vava, manaiki-dela, mitandrina ny teny aloaka tsy ampiheverana. Io fitandremana io no mampadio fo.

Raha sendra hoditr’akondro latsaka an-dàlambe dia ahilika izany hoditr’akondro izany sao mahasolafaka ny hafa. Tsy mifosafosa intsony na mitsikerakera fahatany. Raha te-hiresaka olona isika, na i Rakoto io na i Rabe na i Ranona na i Ranona, mialoha ny ilazantsika izay saika ho lazaina dia ndeha heverina hatrany hoe eo imasontsika eo izany olona resahantsika izany.

Fadiana ny manaratsiratsy ambadika. Fadiana ankitsirano ny manivahiva, manevateva, manilikilika, mamotafota. Voatandrintsika izany fady izany ? Ambinina isika. Salama sy tomady. Ny toe-piainana mihatsara ary hatramin’ny saobakaka avy no mampididrano. Tsy misahirana firy akory dia ho botrabotra ikoto, ho bolangina ikala koa samy ho mandimandina ny zaza amam-behivavy.

Hafatrin’ny fitiavana izao ambara izao mba ampirijarija ny mahaolona malagasy. Te-hiranga ery anie i Madagasikara ê. Noho izany, ndao hitandri-tena isika Malagasy. Olon’ny fitiavana isika. Olon’ny fanahy. Olon’Andriamanitra. Voatandrintsika izany koa hiambina lalandava isika ?

Tsy hanindroa intsony ny antambo ankasomparana izay namoizana aina toa ny tamin’ny sabotsy hariva teny Anosikely ireny. Ny goragoram-piheverantsika sy ny voriborika mandolo ny ao am-pontsika no nanangatra koa nampihatra ireny loza ireny. Koa aok’etsy, rey havako isany. Ndeha tampenana ny hirikin’ny ratsy amin’ny fisainantsika soa, ny fitenenantsika soa, ny fanaovantsika soa.

Feon’ny fieritreretana bitsihan’ny fitiavana izao voasoratra izao koa miangavy antànan-droa, tompoko ô. Ampiharo izao teny mamy izao. Ahelezo, aparihao, zarao, ampitapitao. Ndeha ampiana ny anjely masina hanasoa ny fiainantsika. Te-hiasa ho antsika izy ireo hatrany ampara-hatoka any koa ndeha ampiana re, tompoko ô.

Ndeha hitia tsy ankiandry ho tiavina. Samia tahian’Andriamanitra, ry havako isany.

Antsirabe, faha-26 janoary 2014.


VahÖmbey.

lundi 20 janvier 2014

L’interview, L’Observateur du lundi 20 janvier 2014 – numéro 985, page 15



































Présentation de l’interviewé :

Qui est Vahömbey ?

Agé de 55 ans, Vahömbey était candidat malheureux au premier tour de la Présidentielle. Côté académique, il a étudié la Philosophie et approfondi l’Anthropologie ainsi que l’Ethnomusicologie. En tant que Merina, Tandroy et Baniân, il affirme être intéressé par la culture antandroy. Il a appris le métier de communication, notamment de la radio. Il était à la Radio-Madagasikara. Il s’initia à l’audiovisuel et était à la TV5 Paris. Il a appris le marketing, la gestion de portefeuille des clients de grands comptes du temps où il était à l’Agence Tam-Tam. Il a fini par devenir coach. En bref, il est philosophe, anthropologue, ethnomusicologue, communicateur et réalisateur de documentaires télévisés. Des documentaires qui font toujours référence à Madagascar. Il est également un ingénieur culturel.

Titre de l’interview :

Vahömbey : « Je suis prêt à collaborer si Hery Rajaonarimampianina me le demande. »

Chapô :

Ayant fait le déplacement pour assister à la proclamation officielle des résultats du scrutin du second tour de la présidentielle vendredi dernier, Dieu Donné Roland Rabearison dit Vahömbey affirme avoir confiance au nouveau Président de la République Hery Rajaonarimampianina.

Question :

D’après votre cursus, vous figurez parmi les intellectuels qui ont eu la possibilité de quitter le pays pour mener une vie meilleure à l’étranger. Pourquoi avez-vous choisi de rester au pays ?

Réponse :

Si je suis intéressé par l’argent, je peux travailler à l’extérieur. Pourtant, j’ai choisi de rester à Madagascar même si je gagne moins parce que je veux aider mes compatriotes. Ce n’est pas mon intérêt personnel que je considère mais celui du peuple malgache. Je ne suis pas un simple artiste. Je peux enseigner à l’université. Je suis direct comme vous avez dit tout à l’heure. Je le suis parce que je veux œuvrer au profit de la couche défavorisée. Je vous rappelle que j’avais quémandé dans les rues [ à une période de mon enfance ] et je l‘ai dit pendant ma propagande.

Par rapport à la situation actuelle, le gouvernement qui va être formé devra-t-il s’ouvrir à toutes les forces politiques ?

Je tiens à souligner que j’étais contre le régime précédent, celui de la Transition. Je suis parmi les opposants purs et durs. Je ne suis pas signataire de la feuille de route. Je n’étais pas dans telle ou telle mouvance. C’est pourquoi je n’ai jamais eu l’intention d’intégrer les institutions de cette Transition. La raison est simple. Ce régime est illégal. Après l’investiture de Hery Rajaonarimampianina, on sera dans l’ordre constitutionnel car la nouvelle République sera effective. Si Hery Rajaonarimampianina m’invite à collaborer, je le soutiendrai dans la préservation de la valeur humaine et culturelle malagasy. Un domaine que je maîtrise bien.

En tant que diplômé en philosophie, que pensez-vous de la Constitution de la 4ème République ?

Si j’avais été élu président, la première chose que j’aurais entamée serait celle de retoucher cette Constitution dont le contenu n’est pas du tout clair ni détaillé. Mais actuellement, Hery Rajaonarimampianina est le Président. C’est à lui de répondre à cette question. L’important dans ce texte fondamental est le mot « Fitiavana ». Il faut le retenir car il exprime la valeur malgache. Lorsqu’on va retoucher la Constitution, il faut qu’elle soulève dans ses détails la définition de ce mot « Fitiavana » ainsi que son application.

Candidat malheureux au premier tour de la présidentielle, vous avez fait le déplacement pour assister à la proclamation des résultats officiels de cette élection. Pourquoi ?

Je suis venu ici à Antananarivo depuis Antsirabe pour assister à cette audience solennelle de la proclamation des résultats officiels de cette présidentielle. Je suis venu pour honorer cette cérémonie comme ces gendarmes qui se sont mis en garde-à-vous pendant des heures pour le respect de cette institution ainsi que son autorité. Etre élu président ou non, ce n’est pas ça qui est important pour moi. Ma question est de savoir ce que je peux apporter à ma patrie. Nous tous qui avons assisté à cet événement d’aujourd’hui, nous avons encore de quoi manger. Nous pouvons encore consommer du riz. Ce qui m’amène à dire: Allons considérer les démunis ! N’oubliez pas que j’ai soutenu Hery Rajaonarimampianina au second tour dans la région Vakinankaratra. Vous avez dit que j’étais battu au premier tour. C’est douloureux d’être perdant mais je n’ai jamais eu l’intention de contester le choix de la majorité.

Il est dit que les Malgaches ont perdu leur valeur culturelle et morale. Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas vrai ! Les Malagasy n’ont pas perdu leur valeur culturelle et humaine qui est basée sur la valeur sacrée de ce pays. Ils se sont seulement trompés de chemin. Je suis confiant qu’en tant que chrétien fervent, Hery Rajaonarimampianina a de la franchise et la bonne volonté pour pouvoir redresser ce pays. C’est pourquoi je suis décidé à l’aider. A l’issue de l’audience solennelle de la proclamation des résultats de la présidentielle, je me suis entretenu directement avec Hery Rajaonarimampianina. Ce que j’ai senti lorsque nous faisions l’accolade, c’est son honnêteté et sa sagesse. C’est une véritable personnalité et j’ai confiance en lui. S’il décide de m’appeler pour travailler avec lui, je suis prêt.

Vous parliez de Hasin’i Madagasikara… Alors parlez-nous en un peu plus.

Quand on parle de hasin’i Madagasikara [ à ne pas confondre avec le parti politique du même nom ], je détiens la clé. Pourtant j’ose dire que je suis parmi les plus cancres en histoire de Madagasikara. Je ne peux pas me mesurer avec les académiciens et les universitaires à ce sujet. Par contre, je connais ce qu’on entend par « atidoha hafa » [ ati-boàfa ], c’est-à-dire la chose qui se cache au fond des entrailles. Tel est mon atout. C’est pourquoi je n’ai pas lutté pour devenir Président de la République. Plus d’un m’ont interrogé pourquoi je n’ai incité personne à voter pour moi. C’est le caractère sacré de ce pays ou « hasin’i Madagasikara » qui m’intéresse. Je suis un Mpanazary (celui qui détient les valeurs traditionnelles).

[ L’occupation favorite du Mpanazary - jardinier de l’univers - est de recréer sans cesse l’harmonie en lui et autour de lui. ]

Pourtant vous vous êtes porté candidat à la Présidentielle. Pour quelle raison ?

D’abord, je suis content de l’élection de Hery Rajaonarimampianina en tant que Président de la République parce qu’il était le ministre des Finances. Il connaît bien la situation de notre Trésor Public par rapport aux autres candidats qui se sont présentés à cette élection. Il sait comment redresser l’économie malgache. Si j’avais été le Président de la République, c’est le « atidoha hafa »[ Ati-boàfa ] qui nous rend confiants en un avenir meilleur pour notre pays que j’aurais eu à faire valoir.

Il ne faut pas oublier que Hery Rajaonarimampianina devra se consacrer à la mise en place de toutes les infrastructures économiques et les superstructures financières pendant la première année de son mandat. Pendant un an, il devra s’atteler aux négociations avec les bailleurs de fonds. En attendant, que vont-ils faire les gens qui se trouvent dans les rues et dans la pauvreté ? Il faut faire rêver ces gens. Il faut qu’ils prennent conscience de leur valeur en tant que Malagasy. Œuvrer dans ce sens est la spécialité de Vahömbey. Je me suis formé pour cela.

Le mot de la fin ?

« Madagasikara manankasintsara. » Hery Rajaonarimampianina est élu Président de la République. La chose la plus importante à mon sens, moi qui ai eu une formation de philosophe, d’anthropologue et d’ethnomusicologue, d’artiste mais qui suis aussi politicien par nécessité, … Je suis convaincu que le nouveau président qui est économiste et financier, est quelqu’un qui a une authentique vision macroéconomique soutenue par de sacrées expériences et formations en matière de Finance. C’est vraiment la personne dont nous avons besoin. C’est quelqu’un de carré. Tout ce que j’ai envie de lui donner aujourd’hui n’est autre que ce qui est irrationnel, irraisonnable, spirituel et sacré au nom de la terre de Madagasikara parce que de tous les pays d’Afrique… Voyons les actualités… Tout le monde s’est battu mais à Madagasikara, ce n’est pas le cas.

Je souhaite aujourd’hui que chacun de nous autres 32 candidats recalés car Hery Rajaonarimampianina s’est échappé de la mêlée, fasse preuve de fair-play.


Propos recueillis par TEHOLY Martin pour L’OBSERVATEUR.

lundi 6 janvier 2014

Ny mahaolona malagasy, l’humanité malagasy.



Ny mahaolona malagasy, l’humanité malagasy.

RABEARISON Roland Dieu Donné VahÖmbey, 06.01.2014

Préambule

Mpiandry volavita, tsy tompony fa mpamerina an-dohany. Le gardien du zébu sacré n’en est pas le propriétaire. Il est simplement celui qui le remet dans le droit chemin. Seul Dieu, Père-Créateur, détient le pouvoir sacré évoqué par la caractéristique particulière du zébu. La symbolique s’avère explicite. Tout véritable pouvoir s’authentifie par le sacré dont le divin constitue l’essence.

La particularité culturelle du malagasy est sa foi en sa proximité avec Dieu, Père-Créateur. Cela transparaît dans sa conception cosmogonique, sa table de valeurs, son système normatif, son mode de fonctionnement économique, son système de reproduction sociale et sa compréhension de la perpétuation ontologique. Le malagasy n’existe que grâce à Dieu qui lui a créé les pieds et les mains - naàry tongotra aman-tànana – avant d’élire demeure au sommet de sa tête. Aza ny lohasaha mangina no jerena fa Andriamanitra ao antampon’ny loha.

Ainsi, dans la vision du monde malagasy, le culturel se fonderait surtout sur le spirituel. Un tel postulat saura-t-il s’accorder avec les réalités contemporaines de la globalisation et du cyberespace, autrement dit de la modernité ? Vieille problématique que nous avons toujours abordée sous l’angle “Déterminisme culturel et devenir de l’homme”. Mais la situation générale étant aujourd’hui à Madagasikara dangereusement tiraillée entre déchirures politiques, revers économiques, fiasco social et déroute psychologique, difficile d’aborder en public nos sujets fétiches de renouveau de l’Être malagasy et de prospérité de la Nation sans passer pour un encombrant utopiste !

Or nous nous convainquons que c’est le moment ou jamais de faire preuve d’idéalisme pragmatique et de métamorphoser nos pseudo-handicaps en opportunités. Notre situation actuelle est des plus fécondes puisqu’elle ne nous offre comme option que de rebondir individuellement à partir de nous-mêmes tout en bouleversant les standards inopérants et tout en brisant les moules désuets. Pour en finir avec nos carcans et nos oeillères, demandons-nous qui nous sommes individuellement. A chacun d’y répondre de son côté en toute intimité.

Puis questionnons-nous sur notre identité commune. Ou mieux encore, sur la nature du lien intrinsèque qui nous attache tous à cette terre sacrée de Madagasikara et qui, forcément, nous unit entre nous. Puisse cet article intitulé “Ny mahaolona malagasy, l’humanité malagasy” nous aider à voir plus clair dans ce sens et à nous positionner en conséquence dans nos entreprises citoyennes quotidiennes.

En clair, soyons plus mûrs ! Il est insensé de nous meurtrir entre nous en nous traitant méchamment de noms d’animaux. Devenons plus matures ! Aidons l’Etat à gagner en puissance si nous voulons nous-mêmes devenir plus forts. Mordons-nous la langue au lieu de proférer des insanités. Plutôt que du fiel, mettons-y du miel. Il nous appartient de le décider. Vivons mieux désormais.

Les jalons étant posés, abordons désormais les quatre rubriques de notre argumentaire qui se veut résolument prospectiviste:  souche, tronc, feuillage et feuillaison. 

1. Souche

Pour mieux appréhender le mahaolona malagasy, l’humanité malagasy, examinons de près le soubassement logique établi par Dzaovelo-Jao Robert (1) : olombelona puis olombanona et enfin olonkendry. Pour ainsi dire, humain vivant. Puis, humain responsable. Et enfin, humain sage.  La maturation culturelle s’opère par palier. Primo, se sentir partie intégrante du milieu naturel. Secundo, se comporter en individu responsable au sein de la communauté d’appartenance. Et tertio, se forger soi-même en prenant soin du divin enfoui en soi.

Faire preuve de sagesse signifie s’occuper de ce divin qui a vocation de croître. C’est entretenir en soi le Maha-Olona, le divin en l’humain. Le Maha-Olona, c’est-à-dire ce qui fait l’homme, c’est Dieu. S’en occuper équivaut à accélérer la dynamique du mahaolona, l’élan de transcendance de l’homme qui connecte son âme avec celle de Dieu. Le bon sens commun et l’expérience populaire n’ont-ils déjà accordé rang de vérité établie à cette jonction spirituelle ?  Ny fanahy no mahaolona.

Seul l’individu qui parvient à épuiser ce processus de modélisation jouira de la reconnaissance publique de bon aloi qu’est « ‘Zany ka olona ! ». Ce compliment traduit la juste mesure d’une humanité noble et pleine quoique, par nature, indéfiniment perfectible. Par extension, le mahaolona peut donc s’assimiler au processus qui soutient l’avènement de l’homme générique et authentique : Olona. Ce dernier, divinement enrichi, irradie de chaleur humaine. Empli d’empathie et débordant de sympathie, le fihavanana - élan de solidarité – se cristallise en lui.

Précisons aussi que seul le Olona méritera le statut de razana – ancêtre, auxiliaire du Père-Créateur référence ultime de toute généalogie - quand il aura trépassé. Les siens l’évoqueront pour leur apporter bénédiction puisqu’il leur aura déjà témoigné une attention bienveillante dès son existence terrestre. A l’exemple de Dieu aimant sans condition ses enfants tel un père plein de mansuétude. Sinon, le verdict populaire tombera : « Raha razana tsy hitaha, mifohaza hiady vomanga !». Moralité : tout défunt n’est pas obligatoirement ancêtre. Devenir razana se mérite. L’ancestralité s’impose dans la vision du monde malagasy comme la conformité au genos qui fusionne avec le logos universel au sein de la totalité du cosmos.

Ainsi, chaque malagasy aurait intérêt à bien développer son humanité dès son vivant. Un cadre de référence éprouvé par des expériences parfois séculaires lui est d’ailleurs traditionnellement proposé à cet effet. Tant qu’il le souhaitera, il pourra bénéficier du soutien d’une structuration hiérarchique, caractérisée par une subtile conjugaison de l’aînesse et de la séniorité, dont la fonctionnalité permet de contrôler et de garantir l’attachement de l’individu aux groupes d’appartenance et/ou de référence. Qu’on parle de famille, de congrégation ou de tout autre noyau associatif. Etre banni de sa communauté identitaire est la pire sanction qui soit pour un malagasy.

Gare à toute velléité d’émancipation qui menace de désorganiser le groupe. Toute initiative pour le progrès, qu’on parle de mieux-vivre ou de développement, a intérêt à tirer adroitement profit de ce penchant pour la grégarité. Autant dans ce cas, raisonner et agir en termes de dynamique d’ensemble. La clé pour faire avancer les gens et bouger les choses: l’affect.

         2. Tronc

Cette mise en contexte établie, disons qu’ainsi se conçoivent, se transmettent et s’appliquent les valeurs existentielles. Immuables, ces dernières modulent leur expression au gré du temps. Paresseusement quelques fois, puisque comparé à l’économique plus véloce, l’idéologique a la carapace plus épaisse. Mais les valeurs s’adaptent et se remoulent quand même assez aisément, la mondialisation aidant.

Ici, la sagesse se rapproche de l’intelligence. Celle du cœur de préférence. Seule l’estime des siens rend vénérable tout véritable ancien, raiamandreny père et mère à la fois. Témoin et passerelle du temps, il lui faut avoir du liant. L’harmonie sociale est à ce prix. L’élan de solidarité aussi, le fameux « fihavanana » point focal de notre table de valeurs à caractère national qu’on se définisse identitairement dans l’espace ou qu’on s’inscrive héréditairement dans la durée.

Depuis les temps immémoriaux avec celui de Lémuria comme repère, dans l’inconscient collectif malagasy scintille un éclat de sagesse vivifié au fil du peuplement : vazimba (2), austronésien, malais, hindou, juif, arabe, africain, européen, indo-pakistanais, chinois, ... De quoi désarçonner les observateurs habitués à interpréter fébrilement des traces de civilisation matérielle ! Et dérouter les comploteurs patentés de guerre civile, régulièrement avortée malgré la récurrence des crises sociopolitiques.

A croire que l’authenticité des malagasy se serait enfouie dans leurs génomes pour ne s’exprimer qu’à travers leur sens aigu de la spiritualité. Face à leurs difficultés quotidiennes pourtant mises en épingle par des statistiques aussi savantes qu’inexorables, les malagasy semblent demeurer incroyablement stoïques. Sont-ils résignés ou indifférents ? Aux verdicts fatalistes, peut-être opposent-ils simplement l’optimisme des croyants. Andriamanitra tsy andrin’ny hafa, andriny hatrany. La sagesse, générée par la foi, permet de se concilier le temps. Cela a un nom, l’espérance. Celle qui profitera à la descendance.

Quoique le présent puisse parfois imposer de désagrément, à la volonté d’exister se mêlent toujours des ressources génératrices de résistance. Il faut avoir déjà souffert dans sa chair pour réaliser combien la somme des instants qui constituent un moment de désagrément, a aussi quelque chose d’anésthésiant et, paradoxalement, de revigorant. Dans l’obscurité la plus dense se tapit une présence indéfinissable mais intense. Au plus profond de l’incertitude, en deçà de l’instinct de survie, résonneront l’appel à la vie, l’ode à la création et l’invite à la procréation. Autant de fois qu’il le faudra.

3. Feuillage

Tanin-taranaka, terre des descendants, est un concept en vigueur à l’Académie Malagasy. Pour bâtir ce futur sur le socle du pré carré identitaire réduit au terroir familial ou au territoire clanique, il faut actualiser en permanence la dynamique culturelle de l’identité nationale. Vouloir évoluer ensemble consiste à vivifier sans répit l’idéal patrimonial de la Nation - Firenena – qui symbolise le cœur et l’âme de la Patrie – Tanindrazana. Cette communion d’esprit autour du bien commun s’avère essentielle pour la prospérité de la postérité.

La vision politique du « Jery donia » - le mieux-vivre - s’articule autour de cette conceptualisation qu’on parle de solidarité, de progrès, ou de toute autre noble visée pour la société. Au politique de fournir l’impulsion nécessaire et les malagasy se lèveront pour faire bloc derrière tout leader suffisamment juste et sincère pour être à même d’actionner la justice pour une meilleure mobilité sociale.

Nous sommes en 2014. Il doit être enfin permis de rêver d’un paradigme macroéconomique qui sache se fonder sur  le travail décent et le plein emploi productif  pour générer le mieux-vivre, l’envie de développement et la culture de la prospérité. Un élan qui saura aussi encourager en totalité la créativité auprès des jeunes en particulier, ainsi que le sens conventionnel ou non de l’étude et de la recherche applicable à grande échelle. Même au prix de multiples tâtonnements, peu importe. L’essentiel est de s’améliorer et de se sentir encouragé d’avancer.

Il est ici question d’état d’esprit face à l’idée même de progrès. De là découle l’attitude la mieux appropriée pour engendrer la prospérité. L’abondance pour se matérialiser a d’abord besoin d’être ressentie d’avance, souhaitée, désirée, pensée et imaginée. En somme, être idéalisée. Aussi ne suffit-il pas de courber l’échine pour s’épuiser à tracer des sillons. Il est impératif d’accompagner de beaux souhaits les graines à planter. Puis les regarder pousser. Contempler en silence et se féliciter d’avoir participé au flux de la création. Vouloir pour avoir.

Ce qui peut ici s’assimiler à un ancrage dans le réel le plus banal met en exergue une posture fondamentale dont la singularité est d’être transposable.  L’adopter aide à libérer les meilleures initiatives en vue d’une extension de perspective aux confins de l’imaginable. Dès lors, que manquerait-il aux malagasy d’aujourd’hui sinon une sorte d’extra-lucidité capable de légitimer la témérité ? Il est temps, par exemple, de se repositionner intelligemment sur l’échiquier international des rapports de force. L’équilibre mondial est à la recherche d’un meilleur point d’appui. Autant profiter de ce temps de latence pour diagnostiquer à fond nos crises à répétition.

4. Feuillaison

La bonne assise de notre Quatrième République dépendra des soins que nous saurons apporter au concept même de prospective. Et surtout à son applicabilité. Notre approche aura évidemment intérêt à être modulable en fonction des paramètres à prendre en compte comme la définition du contexte, le champ d’intervention, l’objet d’examen, le sujet en question, etc. Sans sous-estimer non plus les effets et les contre-effets de la démarche en soi puisque toute prospective obéit à une nécessité, celle du changement. Elle ne s’entreprend que dans l’optique d’une  
réorientation de vue et d’une amélioration de l’existant en vue d’une réforme ou carrément d’une refonte de fond en comble.

Or, rappelons-nous. Même si nous avons affaire à l’humanité malagasy, notre problématique doit se centrer sur l’humain en tant que tel avant tout. Puis à la fois de sa situation présente et de son devenir. Ainsi que sur tous les détails qui font sa complexité. Nous devons tenir compte de son vécu comme de ses aspirations, de son potentiel comme de ses limites, de ses besoins comme de ses affects. En clair, nous devons parvenir à objectiver même ce qui peut se juger onirique puisque l’imaginaire est la meilleure arme de celui qui rêve de volonté de puissance. Et c’est le cas de tout un chacun où qu’il se trouve. Tout le monde veut chaque jour vivre mieux que la veille. Ou du moins en avoir l’impression. Et être persuadé d’avoir raison.

Si de ce point de vue, le terrain peut sembler aussi favorable, qu’est-ce qui manque à Madagasikara comme déclencheur pour qu’un effet de masse s’ébranle dans un sens constructif, positif, voire positiviste ? Subsisterait-il quelque part des relents de fatalisme de mauvaise facture, du genre poubelles de l’histoire ? Armons-nous des meilleures dispositions pour décrypter les causes les plus enfouies de nos blocages psychosociaux. Augmentons nos chances de renaissance en nous pliant de bon cœur aux prescriptions d’une catharsis libératrice. Entre autres lignes d’action à mettre en oeuvre à l’échelle de la nation, pourquoi ne pas passer au crible de la justice transitionnelle (3) le fameux mahaolona malagasy que cet article s’est tant attaché à défendre, par exemple ?

Débutons par les tréfonds intemporels de notre inconscient collectif. Ne nous contentons pas des strates historiques mais soulevons jusqu’aux non-dits de nos mythes fondateurs. Faisons de notre legs immatériel vazimba l’un de nos fils conducteurs principaux. Puis glissons le long du temps. Interrogeons chaque sédiment. Assumons nos heurts patents. Disséquons nos conflits larvés. Que des réjouissances saluent aussi chaque confluence !

Citons juste à titre d’indication le Ziva (4). Ce système de parenté, dénommé à plaisanterie, représente la forme contractuelle la plus manifeste de l’alliance fraternelle entre groupes de souche identitaire différente. Largement pratiqué, il ne constitue que la partie la plus accessible de notre panoplie traditionnelle en matière de tissage de liens humains au bénéfice de la paix sociale. D’autres outils du même acabit nous attendent dans le coffre à sagesse de nos ancêtres. Faisons preuve d’ouverture de cœur et d’esprit avant d’y toucher au nom du bien commun.

Soyons judicieux. Reconsidérons à raison notre acception du patrimoine matériel, immatériel, cérémoniel et rituel. Réactivons notre sens de la symbolique. Privilégions le fonctionnel mais sachons sauvegarder précieusement le spirituel.

Et si l’essentiel, en vérité, se confondait avec l’émotionnel, … Serait-ce là le levier ?
 
En effet, qui sait ?



Notes:

(1)     DZAOVELO –JAO Robert, Revue ISTPM n° 11, 1991.

(2)     VAZIMBA : peuplement proto-malagasy situé aux confins de l’histoire nationale. Evoquer son existence formelle, dans un cadre conceptuel, signifie faire appel à la symbolique du sacré enfoui dans les mythes fondateurs de MADAGASIKARA, terre d’élection des merveilles naturelles et des mystères culturels.

(3)     Voir Annexe « Les questions de justice transitionnelle »  

(4)     Voir Annexe « Ny ZIVA, soubassement du Fihavanana. » http://fanambinanamadagasikara.blogspot.com/2011/09/ny-ziva-soubassement-du-fihavanana.html

Copyright RABEARISON Roland Dieu Donné VahÖmbey, Antsirabe 06 janvier 2014



mercredi 1 janvier 2014

Bonne année 2014.

Bonne année 2014.

Que l’Amour soit. Que la paix règne. Que la prospérité advienne !

Nous sommes ce que nous ressentons, pensons, disons et faisons.

Tirons leçon de tout ce que nous avons déjà vécu. Apprenons sans cesse. Améliorons-nous et avançons. Bénissons tout ce que nous avons, sans exception. Rendons grâces pour ce que nous sommes. Sentons-nous bien, toujours bien.

Nous recevons ce que nous ressentons, pensons, disons et faisons.

Lustrons notre habitacle intime. Remplissons-le de calme. Soignons notre for intérieur. Entourons-le de silence. Méditons dans le calme. Contemplons en silence. Prions dans le calme. Notre âme se nourrit de silence.

Quand nous en avons besoin, revoyons nos repères. A quoi voulons-nous nous référer ? Et s’il nous arrive de douter, ré-interrogeons nos modèles. A qui voulons-nous ressembler ?

A chacun, ses balises. Les miennes sont, entre autres et sans vouloir influencer mais juste pour partager :

« Vous êtes la lumière du monde. Une ville sise en haut d’une montagne ne peut rester cachée ; on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, on la met sur le lampadaire afin d’éclairer tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise si bien devant les hommes, qu’à la vue de vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » 
Matthieu 5, 14-16

La première étape sur la voie du bodhisattva consiste à « développer la motivation héroïque ». Le bodhisattva fait le vœu solennel de rechercher l’éveil total dans le but de libérer tous les êtres de la souffrance. Ce vœu doit se fonder sur une compassion profonde et sur la conviction inébranlable de l’importance extrême de dédier sa vie au bien d’autrui. La conviction d’un bodhisattva sera telle qu’il ou elle est prêt(e) à passer un nombre infini de vies, s’il le faut, à accomplir tous les souhaits de tous les êtres sans exception. La strophe suivante, que le Dalaï-lama cite très souvent, contient l’essence de cette aspiration :

Tant que l’espace durera,
Tant qu’il restera des êtres,
Puissé-je moi aussi demeurer
Pour enrayer la souffrance de tous. 

Ces passages sont issus du livre « Le Dalaï-lama parle de Jésus », The World Community for Christian Meditation, London. Editions J’ai lu. 1996, p.258

Que dire pour conclure ? Bonne Année !

Oui, de tout cœur : « Bonne Année ! »

Antsirabe, 02 janvier 2014.


RABEARISON Roland Dieu Donné VahÖmbey.