Vahömbey Rabearison, senior consultant en
ingénierie culturelle.
Début de citation.
« A travers ses actions visant à relier les
investisseurs privés et autorités locales, traditionnelles et étatiques, le
spécialiste en ingénierie culturelle œuvre pour une authentique dynamique de développement
culturel, condition sine qua non d’un authentique progrès économique. Au fil de
la discussion, Vahömbey martèle ses opinions.
Q : La venue en masse des étrangers, à
travers des projets d’investissements ou pour des raisons particulières,
provoque-t-elle un choc de culture ?
R : Malheureusement, oui. Nos actualités
virent de plus en plus vers le rouge à ce sujet. Les réalités protéiformes
d’accaparement de terres, de ressources et de biens sont de plus en plus
flagrantes, donc scandaleuses au point de devenir révoltantes. Les doléances,
les plaidoyers et les interpellations fusent de partout. Il ne s’agit plus de
choc mais carrément de heurt de cultures, d’incompatibilité systémique qui
risque de devenir systématique. D’un greffage bâtard ne peut résulter que le
rejet. Dommage ! Vraiment dommage pour notre société en post-crise.
Q : Coexistence Karàna-Malgache, les
islamistes se marient avec des jeunes filles malgaches mais les jeunes hommes
malgaches ne peuvent pas se marier avec des filles islamistes. A part la
culture, y a-t-il d’autres raisons d’après vous ?
R : Permettez-moi,
d’abord, de faire remarquer que ceux qui se désignent sous l’appellation de
« Karàna » n’embrassent pas tous l’islam. Et être musulman ne
signifie pas obligatoirement islamiste. Quoiqu’il en soit, je vous livre quand
même une réponse possible parmi tant d’autres. La question de différence culturelle
mise à part, la raison peut être d’ordre économique. Laisser s’échapper une
jeune fille hors du giron habituel, c’est risquer d’égarer une partie du
capital familial et communautaire. Tandis que l’inverse permet de maintenir en
circuit fermé la gestion et la fructification des avoirs, des biens et des
richesses. Ainsi le veut, en règle générale, le mode de reproduction d’un système
fondé sur le patriarcat.
Q : Des
étrangers émigrent à Madagascar, sans pour autant s’intégrer dans la société,
quels impacts ce phénomène provoque-t-il chez le citoyen malgache ?
R : Tout
expatrié quelle que soit sa nationalité a le devoir de s’intégrer en commençant
par adopter la langue de son pays d’accueil. C’est une nécessité de bonne et
saine intelligence. Que ce soit clair ! Sinon toute relation avec les
locaux et les autochtones ne pourra qu’être superficielle, ou pire encore,
artificielle. Ceux qui refusent de s’y soumettre, n’auront qu’à en assumer les
conséquences dues aux préjugés de toutes sortes.
Q : D’après
vous, que peut faire l’Etat dans ce cas ?
R : Tant que nos
décideurs institutionnels ne sauront faire preuve d’un sens à la fois aigu et
élargi de générosité humaine et surtout d’empathie envers les vulnérables et
les démunis, notre 4ème république ne pourra qu’en souffrir. La
venue en masse des étrangers, comme vous le dites, n’est pas le nœud du
problème. Je pointerai plutôt le doigt sur le déficit de confiance entre les
gouvernés et les gouvernants incapables de rassurer convenablement leurs
administrés.
Q : Et nous,
comment pouvons-nous agir ?
R : Il est grand
temps pour nous de nous ouvrir de bonne grâce au monde entier. Positivons notre
attitude et adoptons ce concept issu du marketing : « glocal ».
Vivre local mais penser global. Soyons conquérants où que nous soyons, surtout
ici chez nous à Madagasikara. Ne nous contentons point de jouir passivement de
nos héritages génétiques, érigeons-nous en patrimoines à léguer à nos
descendants. Etre Malagasy se mérite. Soyons-en fiers !
Propos recueillis par
Harilala Vololonarivo. »
Fin de citation.
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