L E O M P I F I K A F I K A P Ô L I F I K A !!! |
Copie conforme d'un article publié récemment sur un forum citoyen. Sujet: " TOKANONO".
Mesdames et messieurs,
Suite à l'interpellation de (...).
Nous sommes outrés, voire blessés, par la forte médiatisation du fameux
cliché des orgueilleuses forces de l'ordre contre les obscurantistes fahavalo
mpilalao odigasy.
Il suffit aujourd'hui d'être poussiéreux be lamba en kiranyl et
au faciès inhabituel avec des odigasy dans des sacs en
plastique comme sacoche de fortune, pour se faire arrêter manu militari à
l'entrée de toute agglomération rurale ou urbaine !
Quand ce n'est pas tout simplement l'exécution pure et simple sans aucune
forme de procès. La vendetta s'installe sournoisement, dangereusement dans les
moeurs. Si ce n'est pas embryon de guerre civile que ça s'appelle !
Et comme presque tous les "pauvres bougres de broussards et de
campagnards" fuient leurs localités d'origine à cause de la terreur qui y
règne ! La boucle est bouclée !! En brousse comme à la campagne, tout vahiny inconnu
est un "fahavalo" en puissance, qu'il soit en
uniforme ou non. Homme ou femme, adolescent ou vieillard, ... Désormais, peu
importe !
Aussi, sommes-nous de ceux qui soutiennent les assertions de Solo
Raharinjanahary (1), un universitaire dont nous apprécions l'aisance en matière de
connaissance des réalités profondes du Sud de Madagasikara.
Pour votre information, depuis des mois et des mois, nous intervenons
directement sur terrain partout sur le territoire pour limiter les dégâts de
l'insécurité généralisée.
Il est vrai que par rapport à l'ampleur de la tâche, nous sommes encore en
nombre insuffisant quoique nous soyons en train de rallier de plus en plus de
bénévoles à notre cause de servir de tampon-fusible au prix de heurts quelques
fois meurtriers.
Paix aux âmes des nôtres qui ont payé de leurs propres vies leur engagement
de rétablir coûte que coûte la paix. Et par respect pour elles, merci aux
sermonneurs de service, par ailleurs bénéficiaires d'office des actions
entreprises, de nous épargner leurs diatribes sur les réels risques de dommages
collatéraux.
Nous choisissons délibérément de servir nous-mêmes, chaque fois que
nous le pouvons, de rempart aux vulnérables et aux indigents sans avoir à
médiatiser nos opérations. Par souci d'efficacité, nous nous conformons à une
règle de discrétion afin de préserver l'identité des nôtres. Et d'ailleurs,
passer à l'acte nous prend tout notre temps.
Nous brisons aujourd'hui le silence pour donner courage aux citoyens et aux
citoyennes qui oeuvrent sincèrement, tous et toutes, dans leurs domaines de
prédilection.
Courage ! Courage !! Nous nous en sortirons tous et toutes. Que personne ne
baisse surtout les bras !
Ceci dit, grand merci à (nom du forum) qui nous sert efficacement de bel
observatoire. Toute notre reconnaissance à ses membres, particulièrement à ses
fidèles intervenants et intervenantes, qui nous aident beaucoup à nous situer
par rapport à certains sujets épineux.
Merci de votre attention.
(1) Ci-après, reproduction de l'article de Solo RAHARINJANAHARY, parution dans La Gazette de la Grande Île.
Un universitaire réagit sur les
méconnaissances de nos traditions
Mercredi, 19 septembre 2012
Face à la publication dans tous les journaux de la
capitale de l’image de la dite « Tokanono », Solo
Raharinjanahary, Professeur d’université et non moins ancien Doyen de la
Faculté des Lettres de l’Université d’Antananarivo, apporte des
éclaircissements. Il parle d’une certaine méconnaissance de nos
traditions.
Je
suis très frappé de ce qu’ -apparemment- personne ne s'est aperçu que le nom de
« Tokanono » est une référence à la tradition orale malgache. Dans le grand
récit mythique de Tsimamangafalahy, « Tokanono » est le nom du devin (ou de la
devineresse) du grand héros Tsimamanga. Par exemple, dans Contes masikoro, Foi
et Justice, 1995, p. 31 et suivantes (…)
En
lisant la réaction d’un chroniqueur d’un quotidien de la capitale paru ce mardi
18 septembre, je trouve que la référence culturelle qu'il trouve, c'est le
rapprochement avec un roman érotique chinois traduit en français. C'est
certainement révélateur, que personne ne repère une référence à la tradition
malgache. Si la sorcière en question a été surnommée « Tokanono », c'est
évidemment parce que « Tokanono » est le nom du devin (ou devineresse) du chef.
Que Remenabila est censé avoir eu recours aux services d'une « Tokanono » dans
l'idiome culturel du Sud de Madagascar, c'est comme si on disait que c'est un
roi.
C'est
remarquable de constater la méconnaissance des références culturelles malgaches
chez les journalistes, chez les commentateurs politiques, chez les citoyens branchés
sur internet, etc. C'est un peu comme si un personnage européen était connu
sous le surnom de « Cassandre ». Evidemment, tous les commentateurs des
journaux iraient chercher la signification de ce nom dans la mythologie du
monde méditerranéen. Et tout le monde remarquerait que « Cassandre » était la
devineresse de Priam, le roi défenseur de Troie, dans l'Iliade, le plus grand
mythe de l'antiquité grecque.
Si
je regarde les photos qui ont été publiées, je suis frappé de voir la personne
arrêtée, une petite femme, presque naine, et visiblement
contrefaite. Elle est entourée de ses « vainqueurs » qui sont une
rangée de grands hommes visiblement très bien constitués, en pleine possession
de leurs forces physiques, et fiers de leurs armes et de leurs camions. Comment
se fait-il que les défenseurs patentés de l'approche genre et des droits des
handicapés ne s'aperçoivent pas de ce que représentent ces images ? Pour moi
elles montrent un exemple typique d'une femme opprimée par des hommes, qui
abusent de leur force physique et de leurs moyens matériels. Et c'est aussi une
image montrant une handicapée humiliée par des hommes sans handicap. Et on ne
le voit pas ?
Le
nom « Tokanono » s'applique, dans la tradition héroïque malgache, tantôt à un
devin, tantôt à une devineresse, tantôt à une personne de sexe
indéterminé. Dans ce troisième cas, les traditionnistes disent qu'on ne peut
pas savoir si c'était un homme ou une femme. (…) La présence dans la culture
malgache la plus traditionnelle du thème de l'indifférenciation sexuelle. Et au
lieu de comprendre ça, les commentateurs réagissent en faisant leurs petites
blagues émoustillées de vieux mâles stupides, sûrs de leur virilité !
C'est un peu triste.
Cela
me laisse l'idée que les défenseurs des droits des femmes et des droits des
handicapés ne sont pas très attentifs à ce qui se passe dans la société. Ils
sont peut-être plus préoccupés de surveiller les opportunités de crédits pour
leurs Ong ? (…)
Pour conclure, je suis spécialement
attristé de voir que certains journalistes et chroniqueurs n'ont rien trouvé !
Cette méconnaissance est l’arbre qui cache la forêt ! Autrement, à défaut de
trouver les vraies solutions à l’insécurité, on brûle des villages entiers pour
n’importe quelle raison, on trompe l’opinion sur des faits divers, et on se
gargarise de petites victoires jusqu’en haut de la hiérarchie.
Solo Raharinjanahary
T O F O K A P Ô L I F I K A M P A N A L I K A !!! |
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