J’ai toujours milité publiquement pour la paix et
la non-violence. Que ce soit en 1991 entre Zafy et Ratsiraka, à l’antenne
quotidienne de la Radio-Madagasikara. Ou en 2002 entre Ratsiraka et
Ravalomanana, sur les ondes matinales de Radio-Mada. Et depuis 2009, entre
Ravalomanana et Rajoelina.
Que je me fasse traiter de tous les noms m’importe
peu quand aujourd’hui, à travers leurs déclarations intempestives de victoire
avant la lettre et de dévalorisation des rouages du processus électoral, des
inconscients préparent manifestement l’opinion publique aux éventualités d’un
pogrom pour satisfaire leur orgueil politicard… Je refuse de me taire. Non à
toute complicité passive et silencieuse. Donc, criminelle !
C’est très simple. Qu’on se mette à la place des
minorités vulnérables, les cibles les plus faciles de toute manipulation
abjecte de violences aveugles au nom d’un populisme assassin. Autant
stigmatiser d’office tous ceux qui ont faciès d’étranger où qu’ils puissent se
trouver. Et rayer de la surface du pays tous ceux qui osent penser hors des
carcans partisans.
Est-ce faire contre-courant que de désirer
ardemment la paix pour voir enfin arriver la prospérité ? Bonté de bonté,
faisons régner la sérénité. Pour qu’il y ait tranquillité autour de nous,
installons d’abord le calme en nous. C’est ainsi qu’un Cœur de Noël se crée.
Merci d’avoir la patience de parcourir les lignes
ci-après. Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé « Le Dalaï-lama parle
de Jésus » (1). Début de citation.
AIME TON ENNEMI, Evangile de Matthieu 5, 38-48
« Vous
l’avez appris : il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au
méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui l’autre aussi.
Si quelqu’un veut te citer en justice pour avoir ta tunique, abandonne-lui
aussi ton manteau. Si quelqu’un veut te contraindre à faire un mille avec lui,
fais-en deux. Donne à qui te demande, et n’esquive pas celui qui veut
t’emprunter.
Vous
l’avez appris : il a été dit : Tu aimeras ton
prochain, et tu pourras haïr ton ennemi.
Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis. [Faites du bien à ceux qui vous
haïssent], priez pour ceux qui vous [maltraitent et vous] persécutent. Vous
serez ainsi les fils de votre Père du ciel, qui fait lever son soleil sur les
méchants comme sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes et sur les
injustes. Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense
méritez-vous ? Les publicains même n’en font-ils pas autant ? Si vous
ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens
n’en font-ils pas autant ? Soyez donc parfaits comme votre Père céleste
est parfait. » [Matthieu, 5, 38-48.]
Le
contexte chrétien
Le Sermon sur la Montagne se présente dans les
premières pages de l’Evangile de Matthieu qui est le premier des quatre
Evangiles. Comme tous les autres, il a été écrit et doit être lu non pas comme
un compte rendu historique mais comme l’expérience de la Résurrection appliquée
à l’histoire. Les Evangiles, par conséquent, se comprennent à la lumière de la
résurrection. Le mot évangile en grec (evangelon)
signifie « bonne nouvelle ».
L’auteur de chaque Evangile
(l’« évangéliste ») envisage la vie et l’enseignement de Jésus sous
un angle qui lui est propre parce qu’il s’adressait à un public différent. D’où
la diversité des Evangiles qui, avant d’être consignés par écrit (en grec)
furent d’abord des traditions orales (en araméen). Ainsi, le livre de Matthieu
fut probablement écrit pour un groupe de chrétiens d’origine juive, environ
cinquante ans après la mort et la résurrection de Jésus.
Ce passage est extrait du Sermon sur la montagne,
un enseignement de Jésus qui figure dans deux Evangiles (Matthieu et Luc). Les
bouddhistes penseront au Sermon du parc aux cerfs du Bouddha. Le Sermon sur la
montagne fut prêché par Jésus en plein air devant une foule nombreuse. Il
contient la quintessence de son enseignement éthique et religieux. Il souligne
par exemple l’importance de dépasser la stricte observance extérieure du rite
pour accéder à la religion du cœur.
Pour la première partie de ce passage, Jésus
demande à ceux qui le suivent de ne pas chercher à se venger de ceux qui leur
font du mal. Cette idée se démarque de l’ancienne loi de la vengeance en
vigueur dans tout le Proche-Orient. Jésus va même jusqu’à dire que nous ne
devons pas résister à ceux qui nous font du mal. Dans le style juif typique,
par l’exagération, il accentue son propos en déclarant que nous devons tendre
l’autre joue et toujours donner ce que l’on nous demande. Ses adeptes sont
incités non seulement à céder, mais à donner plus qu’il ne nous est demandé.
L’allusion à la tunique et au manteau se comprend
mieux quand on sait que le paysan palestinien de l’époque ne portait pas
d’autre vêtement.
Le principe de non-résistance et d’abandon ne
pouvait pas être affirmé plus clairement. Néanmoins, ces enseignements ont
donné lieu par la suite à maintes rationalisations.
La seconde partie de ce passage traite de l’amour
des ennemis. Le « prochain » désigne tout homme du village ou du
groupe. L’« ennemi » désigne une personne qui vous fait du mal ou un
simple étranger. Aimer son prochain familier, donc, ne suffit pas. Ce n’est pas
ainsi que l’on réalise la pleine vocation humaine qui est d’être « comme
Dieu ».
Les premiers penseurs chrétiens ont affirmé que
Dieu s’était fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu. Cet enseignement
de Jésus montre que nous devenons « fils de Dieu » en aimant tout
homme aussi impartialement que Dieu l’aime. La perfection de Dieu est sans
limite et la perfection humaine doit le devenir également. Le mot hébreu
correspondant à « parfait » signifie « entier » ou
« intégral ». C’est l’amour des ennemis qui garantit l’intégrité de
la vie humaine.
Les « publicains », ou collecteurs
d’impôt, collaboraient avec les forces romaines qui occupaient la Palestine,
tout comme le Tibet est aujourd’hui occupé. »
Fin de citation. A toutes et à tous,
Joyeux
Cœur de Noël !
Antsirabe, 23 décembre 2013.
RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey.
(1)
«Le Dalaï-lama parle de Jésus ».
Une perspective bouddhiste sur les enseignements de Jésus. Titre
original : « The good heart ». Présentation de Jean-Paul
Ribes ; Préface de Robert Kiely ; Introduction du père Laurence
Freeman O.S.B. ; Traduit de l’anglais par Dominique Lablanche. Editions
J’ai lu, 1996, pp. 200-203.