Les paris sont
ouverts. Mesdames et messieurs, faites vos jeux !
Sans vouloir
verser dans l’irrévérence, ce chapô met à nu l’arrière-plan du plateau de la TVM du 04 décembre dernier en soirée. Premier face-à-face entre les finalistes des présidentielles. En lice pour cet événementiel à fort audimat, messieurs Hery Rajaonarimampianina
et Jean-Louis Robinson.
Hery Rajaonarimampianina
a choisi de se montrer placide et pragmatique dans une posture toute
didactique. Clarté et concision auront été ses maîtres-mots au risque de
paraître, par moments, plutôt hiératique. Voire quelque peu sur la défensive
face aux assauts frontaux, parfois d’ordre personnel, assénés sans arrêt par le
camp adverse. Finalement, sa tactique d’esquive active - toujours avancer dans
la périphérie de l’axe - lui aura certainement fait gagner du terrain dans l’appréciation
d’un public sensible aux démonstrations d’habileté discursive. Sa démarche est
claire. Délibérément prospectiviste.
Après s'être sentencieusement dépensé en formalités d’usage sur les bienfaits de la concorde et la nécessité de la
réconciliation, Jean Louis Robinson a mis en branle ses salves offensives. Son
fil conducteur pour la soirée : rouleau compresseur contre la Transition. Aussi s’est-il
montré franchement frondeur, presque querelleur. Son choix tactique aura-t-il
été de s’imposer un show de redresseur de torts devant l’éternel que personne
ne s’en offusquera. Sauf qu’à croire certaine étiquette, il s’agit désormais du
second tour. Et donc, d’un palier où il serait plutôt question de séduction
fondée sur la qualité d’enchaînement des propositions. Mais, bon.
La majesté de
l’enjeu serait-il à rappeler ? L’honneur de la nation ? La dignité
des enfants de la nation ? La refondation de la république, quatrième du nom ? Sans avoir à chercher loin : sortir de la gadoue des crises
cycliques où tous les régimes successifs, sans exception, ont noyé au fil du temps l'idée même de nation.
Aussi le public serait-il en droit d'attendre de la série de face-à-face entre les deux meilleurs candidats, un peu plus de hauteur de vue que lors du galop d’essai et de la foire d’empoigne du premier tour. La phase
actuelle des présidentielles mériterait bien un peu plus de doigté dans la
mesure et de justesse dans le ton, non ? Sinon, dommage ! Vraiment
dommage que les débats d’idées, tant attendus, puissent se bazarder à
coup de criées, volées et écrans de fumée.
Ceci dit, qu’à
cela ne tienne ! A défaut de joutes lumineuses, au moins le public averti aura-t-il pu commencer à profiler celui qu’il élira Président. En effet, hors
de question de se réfugier derrière un vote nul ou blanc, ou pire encore de
faire acte d’abstention. Le pays a assez souffert depuis x-temps de la
valse-hésitation de ses citoyens plus prompts à critiquer qu’à s’engager. Fût-ce
dans le seul acte d’un vote suffisamment réfléchi pour être assumé.
Vivement, le
second face-à-face ! D’ici-là, le personnel de notre chaîne nationale
saura, gageons-le, trouver les moyens de se familiariser avec son nouvel
environnement technologique. Au moins, pour épargner à son public le calvaire auditif
d’avant-hier soir. Et surtout pour ménager certaines précieuses
humeurs. Présidentiables, de surcroît.
Antsirabe, 06
décembre 2013.
RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey.
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