Malagasy
Notre projet de société FAnambinana MAdagasikara - FAMà
(1) est notre document cadre pour élaborer tout programme à
visée politique. Celui-ci sera nécessairement contextuel afin de convenir aux besoins
et répondre aux souhaits indiqués par le factuel tel que chaque groupe de
population-cible le manifestera.
Autant dire d’emblée qu’après mûre réflexion, au terme d’une
observation attentive menée d’un bout à l’autre du pays, nous avons décidé de
ne pas nous imposer un programme théoriquement figé. Aussi, nos sympathisants ont-ils
toujours su qu’aucune feuille de route unilatéralement écrite d’avance ne formatera rigidement l’exercice de notre mandat. Comme cette discrétion sur
le programme, à distinguer absolument du projet de société, semble indisposer les
habitudes intello-technocratiques des uns et des autres, nous nous sommes résolus à présenter ce document synthétique à titre de manifeste. D'une part, afin de nous expliquer. D'autre part, pour faire appel à l’intelligence de
cœur des prospects encore hésitants.
Dieu seul sait combien ces derniers sont légion puisque les
éventuelles élections du 25 octobre prochain tiennent du forcing. Cas de force
majeure décidément déraisonnable : un deuxième tour avant Noël en pleine
saison des pluies. Inutile de parler des aléas de la collecte des résultats qui
s’ensuivront ! Mais, bon. Ce que loges maçonniques diablement prépondérantes
veulent, françafrique veut. Et à l’inconsistante communauté internationale de valider pour se peinturlurer la conscience et surtout se redorer la galerie. Bizness is
bizness, isn’t it ? Et bonjour, la soubique à foza mpandoza. Ces élections ne serviront, disent les mauvaises
langues en mal de sensationnel, que de mascarade pour adouber le favori de renikelimalala (2).
Sans Inutile Commentaire !
Quitte à devenir kamikaze, le rônin – samouraï sans terre
ni maître – n’en a cure. En malabary et kiranyl, il se tient prêt avec son bokken (3) quelle que soit la puissance de feu et de fric des
armadas d’en face. Peu lui importe l’issue de l’affrontement. Comme de toute
sa vie, il n’a jamais frayé avec les malgaches – mal gâchis, il est temps de
s'expliquer. Virilement, au besoin.
Sa vision à lui est claire. Il se tiendra debout au nom du
MALAGASY.
Candide
Jusqu’à ce jour, il nous semble vain d’imposer préalablement
à notre électorat un programme précis sans lecture claire de la situation,
celle dont nous hériterons en accédant au pouvoir. Dans quel état se trouveront
le pays, la population et surtout la gouvernance à ce moment-là ? Un état
des lieux sans état d’âme ainsi qu’un audit scrupuleux s’avèreront nécessaires
pour y répondre avec un maximum d’exactitude.
Il est vrai que des statistiques courent déjà par-ci et
par-là pour alerter, voire même alarmer, sur le pourrissement de la situation.
Toutefois, quoiqu’on veuille, ces données font suite à des initiatives toutes personnelles.
Donc, forcément subjectives avec peut-être des préjugés ou des arrière-pensées
d‘ordre politique. Aussi, préférerons-nous établir notre propre constat et
l’affûter en fonction de la situation sur terrain. Nous mettrons en branle
notre propre feuille de route pour diligenter nos actions à ce moment-là.
Un programme politique et son pendant économique sont
éminemment stratégiques. Vu comment la grosse majorité des candidats opèrent,
pratiquement avec zéro scrupule, nous choisissons délibérément d’avancer de biais vers le champ de bataille. Par ailleurs, vu la configuration actuelle de
l’électorat malagasy, qui s’intéressera vraiment au décorticage des rubriques
savantes et autres annexes alambiquées des programmes ? Mis à part les
prétendus spécialistes et autres experts déjà au service de la concurrence pour
la plupart ?
En tout cas, notre priorité repose sur le culturel. Et
par extension, sur les trois aspects de l’éducation : formel, non-formel
et informel. Il nous faut changer de mentalité, entend-on dire partout depuis
des décennies. Educateur de métier, nous saurons prendre cette problématique à
bras-le-corps. D’ailleurs, nous nous en sommes toujours occupés quoique avec des succès
mitigés puisque l’appui d’une politique d’Etat nous aura manqué. Ce qui, entre
autres raisons, justifie notre engagement pour les présidentielles. Ayant souffert de l'amertume des tâtonnements avant de parvenir à nous armer sur le tard d’un sens plus aigu de l’anticipation, nous souhaitons désormais amplifier nos avancées à plus grande échelle,
celle de la nation.
Candide ? Bien volontiers. Activiste déclaré de la défiance
politique autant qu’agitateur patenté de conscience, notre attitude s’ajuste sur
la conclusion du héros voltairien : « Il faut cultiver son
jardin ».
Personnalité, d’abord
A Madagasikara, les travées des assemblées politiques
sont carrément squattées à demeure par des brigands, des tricheurs, des voleurs
et des criminels. Parfois jusqu’aux parvis des temples et des églises. C’est
tellement flagrant et si habituel que plus personne ne s’en étonne. Comble de
l’insulte, des personnalités notoirement malpropres se maquillent en jouvenceau
ou en jouvencelle pour duper un électorat déjà réputé crédule. Road-shows à
coup de démagogie simpliste et d'alléchant programme où il ne manquerait plus que l’affichage
d’un code-barres pour faire aussi crédible que la pub la plus mensongère.
Après nos déboires de ces derniers régimes, il est
peut-être de bon ton d’insister sur la qualité d’un programme plutôt que sur le
potentiel d’une personnalité, mais ce sera difficilement d’actualité en cette période trouble. Trop de paramètres, voire trop d'inconnues, s‘enchevêtrent encore dans la plus triste des
confusions. Qui sait ? Ce sera peut-être le cas lors du quinquennat qui
suivra celui à venir. A condition que le prochain président élu fasse ce que
les faits attendent de lui.
Il lui faut absolument rétablir la confiance au sein de
la société. A lui de faire preuve d’abnégation. Qu’il sache symboliser
l’éthique fondée sur la vertu. A lui de faire preuve de fermeté autour de lui
pour que la meilleure des tables de valeurs se vive concrètement. A lui de
faire preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit pour impulser la dynamique de
réussite que ses compatriotes attendent depuis des lustres.
Au nom de la
justesse
Sa priorité sera la mise en place de la Haute
Cour de Justice. En plus de la volonté politique, une telle décision impose que
les élections communales, régionales,
provinciales et législatives s’organisent dans les meilleurs délais. En effet,
la composition de cette Haute Cour de Justice exige l’intégration de certains élus.
Comme la dynamique de réussite évoquée plus haut a intérêt à
partir de la base sociétale, nous prêterons notre meilleure attention à la
vitalité des relations interpersonnelles et inter-communautaires. Autrement dit, aux réalités du fokonolona.
Aussi, le maillage de la décentralisation renforcé par une effectivité du
pouvoir décisionnel au niveau local représente à nos yeux la clé du succès. Il
faudra améliorer l’existant dans ce domaine. Là se résolvent d’abord les
problèmes et nulle part ailleurs. Qu’on parle de sécurité, de production, de
santé, d’éducation, d’énergies, d’infrastructures, etc. Comment ? Entre
autres dispositions, à l’aide des coopératives et grâce aux mutuelles.
Sur un autre plan, il s’avère aussi impératif de rendre à
la société civile ses lettres de noblesse. Le politique doit d’abord être restitué au citoyen. Notre pays
manque cruellement d’authentique citoyen qui sert de modèle aux autres grâce à
son bénévolat au service du bien commun, pour le bénéfice de l’intérêt général. A charge par
la suite pour ce citoyen-modèle de s’engager, par besoin d’efficacité plus
accrue mais à condition qu'il le souhaite, dans la pratique politique relative à la conquête et l’exercice de l’autorité
publique.
Pourquoi notre pays stagne-t-il au point de régresser ?
L’une des raisons majeures est que l’équilibre pouvoir / contre-pouvoir y demeure
précaire quand il n’est pas carrément insignifiant. Ou pire encore, inexistant.
Un Etat ne peut se targuer d’être fort que quand l’opposition dispose d’une
capacité suffisante pour contrôler les agissements de ses administrateurs. Un forum permanent de
l’opposition est donc fortement souhaitable pour asseoir, sur le plan
politique, la cohésion de la nation.
Bon cap gagnant
Vu la situation géopolitique actuelle, il apparaît
évident que le monde se trouve à la croisée des chemins. A preuve, les
tiraillements sur la Syrie. Les grands blocs historiques face à la montée en
puissance du BRICS. Dans notre contexte indianocéanique, la françafrique d’un
côté et la chinafrique, de l’autre. Sans mésestimer la parenté d’alliance entre
l’Afrique du Sud et les Etats-Unis. Ne pas oublier l’île Maurice avec ses manoeuvres
COI-iennes. Ajoutons-y la ramification tentaculaire de l’islamisme dans cette
zone-ci de l’Océan Indien.
Au vu de ce tableau sommaire, pourquoi un candidat aux
présidentielles jaloux de son indépendance d’esprit et soucieux de sa liberté d’action
se découvrira-t-il prématurément en
dévoilant dès maintenant un quelconque axe stratégique de politique
internationale ? Le bon sens dictera à la diplomatie de s’aménager les
alliances les plus fructueuses pour Madagasikara tout en ménageant la
susceptibilité belliqueuse des uns et des autres. Naviguer en slalomant s’il le
faut mais avec un bon cap gagnant pour Madagasikara. Ce sera le mot d’ordre.
Avant de conclure, disons nettement que la stabilité
institutionnelle fondée sur la religion du droit est notre credo. C’est la
condition sine qua non pour réussir à gérer comme des bénédictions les
multiples ressources de notre pays. Même si nos richesses extractibles
sont toutes également importantes, ce
métal si précieux qu’est l’or doit être considéré à part. Nous lui réserverons
un traitement de faveur qui permettra à notre pays de décupler sa marge de
progression vers le mieux-vivre. D’autant que jusqu’à présent, nous souffrons d’accès
aux capitaux financiers à tous les niveaux : personnel, entrepreneurial et
gouvernemental. Grand temps aussi d’arrêter d’exporter vaille que vaille de la matière brute et de songer à diversifier nos industries de transformation.
Terre sacrée
Notre environnement naturel, malgré les coupes sombres de
ces dernières décennies, demeure encore en-deçà du seuil critique
d’irréversibilité. Ce côté partiellement sain doit être rapidement mis à profit.
Question de survie !
Primo, pour s’investir dans des protocoles de
régénération de notre part de biosphère. Legs pour nos descendants – Tanintaranaka – oblige. Des directives
dans ce sens sauront s’imposer d’elles-mêmes, particulièrement au sujet de
l’exploitation de nos réserves en énergies fossiles. Patriote permaculteur, nous
avons toujours milité pour le volet énergies renouvelables comme alternative de premier choix.
Décideur politique, nous saurons nous investir dans ce domaine avec toute la
profondeur de notre conviction.
Secundo, pour aider nos populations à mieux se nourrir en
s’échangeant leurs produits grâce à la multiplication des réseaux commerciaux.
L’autosuffisance alimentaire est autant affaire de distribution rationnellement
équilibrée que de production respectueuse des logiques de mère-nature… Depuis
le temps que nous rêvons de faire de ce beau pays, réputé pour être un
sanctuaire de la nature, le fleuron mondial de la permaculture.
Nous, Malagasy, disposons d’un atout culturel que les
pays soi-disant développés se mettent à redécouvrir tardivement. Pour nous, la
terre n’est pas que nourricière. Elle est aussi sacrée. Et cela, aucune
colonisation n’aura pu, ni quelconque mondialisation ne saura nous l’arracher
du cœur.
Dans ce sens du sacré réside notre fierté. Celle d’être
nous-mêmes. Malagasy du 21ème siècle.
Antsirabe, 06 septembre 2013.
RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey |
(*) En
souvenir d’un livre de poche, compagnon fidèle de mes vingt ans .
« Rêveries d’un promeneur solitaire », Jean-Jacques Rousseau.
(2) Appellation vernaculaire de la
françafrique.
(3) Sabre
de bois japonais.
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