samedi 14 janvier 2012

福禄寿 Bonheur, prospérité et longévité

新年好  Bonne année !

A ma fille,

Bonne année 2012 !

L’hiver doit être rude là-bas en Europe où tu es partie étudier. Ici où je suis en court séjour, il ne neige pas comme chez toi mais la température avoisine quand même les 3 degrés Celsius. Je t’écris du bout du monde, dans le sud de l’ancienne empire du Milieu, La Chine. Comment te décrire tout ce que je découvre ? Le fougueux maoïste que j’étais durant ma jeunesse, voit de ses propres yeux comment la Chine s’éveille en ce début du troisième millénaire (1). Un véritable dragon qui va se déployer plus majestueusement encore cette année-ci, 2012.

Guangzhou, anciennement Canton. Ici, la Rivière des Perles
Question progrès, c'est géant ! Très moderne !! Ici à Guangzhou se trouve le haut-lieu du trading, transactions commerciales, depuis au moins le XVIème siècle (2). Des galeries, des boutiques, des magasins et des étals à ciel ouvert. Partout ! Et il y a de tout. Les jeunes, très bosseurs au demeurant, sont à la pointe de la mode et adoptent un look hyper-tendance. Il suffit de les voir arpenter Beijing road, podium mondial du fashion-show, pour s’en convaincre.

Autre curiosité découverte sur Beijing Lu, coeur de la mégalopole : le long de l’artère centrale sont enfouis, respectueusement sauvegardés sous les dalles piétonnières, les vestiges historiques de l’ancienne cité. Pour ainsi dire, la modernité d’un présent flamboyant implantée et greffée sur les ruines d’un passé glorieux. Sacrée dialectique en perspective, n’est-ce pas ? De quoi ruminer en silence tout en léchant les vitrines des boutiques qui affichent en lettres géantes multicolores les labels les plus prestigieux !

Les gens d’ici fêtent leur début d’année, celle du dragon pour cette fois, le 23 janvier 2012. Pour eux, c'est hautement symbolique et profondément culturel. Après s’être munis de beaucoup de cadeaux, ils commencent tous dès maintenant à partir en vacances, rejoindre leurs familles pour présenter des voeux à leurs parents restés à la campagne. Leur sens de la famille est impressionnant !

Ici, tout commence à fermer pour ne reprendre que vers mi-février. Toutes les activités ralentissent fortement, sinon s'arrêtent carrément. La ville se déserte déjà petit à petit. Ceux qui sont encore là commencent à nettoyer leurs bureaux, leurs magasins et leurs boutiques puisqu'à leur retour, tout doit être rénové et propre pour le bonheur, la prospérité et la longévité durant toute la nouvelle année. Donc, actuellement, ils brûlent les vieux papiers de dossier et se débarrassent des poubelles. Bref, ils ferment le passé et s'acquittent de leurs dettes. Je suis dubitatif devant une telle expression d’intelligence culturelle !

Leur début d'année n'est pas comme pour les occidentaux, mécaniquement tous les 1er janvier, par routine bon an, mal an. Non, le leur change chaque année selon les indications de leur astrologie à la fois solaire et lunaire. Je trouve que c'est nettement plus sensé et plus naturel puisqu'ils s'harmonisent ainsi avec la progression logique du flux temporel. Normal qu'ils représentent l’une des pièces maîtresses de leur nation ! Ils cultivent le sens du sacré grâce à leur civilisation hautement millénaire. L’habileté en commerce est aussi un réflexe acquis depuis des siècles, Hong-Kong étant la porte d’à côté. Vient s’y greffer comme valeur ajoutée, la rigueur de la discipline imposée par le communisme chinois malgré l’éloignement géographique de Beijing, citadelle  politique. Difficile de réaliser tout ça sans être épaté ! 

Tu sais, ils travaillent 7 jours sur 7 à longueur d'année et ne prennent leurs vacances, tous en même temps, qu'une fois dans l'année comme maintenant. Alors, tu imagines leur capacité de production, plus leur très forte expérience en commerce. Ils ont tout chez eux. Leurs produits atteignent le top, du mets gourmand au microscope et autres instruments de grande précision. En plus de cette démarche qualité, ils appliquent aussi une stratégie de marketing ouverte. Ils mettent à disposition des prix et des qualités différents selon le goût et le pouvoir d'achat du client. Du sur mesure, autant que possible. Tout prospect qui franchit le seuil doit repartir comme client satisfait d'avoir bien dépensé.

Ils n'ont besoin de l’extérieur que pour les références à perfectionner, importer certaines matières dont ils peuvent manquer afin de mieux inonder, par la suite, le marché. Le mandarin se parle dans la rue, dans une moindre mesure le cantonais, et à peine des rudiments d’anglais, … Le français ? Personne ne connaît. Autant parler malagasy, ça sonne mieux pour dialoguer ! C’est fou cette autonomie et cette fierté nationales qu’ils affichent mine de rien. Pas étonnant du tout s’ils s'échinent à vouloir dépasser les Etats-Unis pour devenir leader de l’économie mondiale. Peut-être même leader tout court ?

Leur sens esthétique est hautement saisissant ! Du délire de l’architecture au design du plus infime objet. Leur minutie est palpable, les moindres détails sont criants de vérité. D'ailleurs, leurs gratte-ciels respectent le feng-shui, la circulation du chi, de l'énergie. Ici, les inconditionnels des codes esthétiques occidentaux perdraient bien vite leur grec ou leur latin dans le domaine des formes, lignes et courbes ou en matière de couleurs, tons et nuances. C'est fou comment l’énergie se palpe pour peu qu’on y soit sensible ! Harmonie et puissance. Stabilité et équilibre. Prospérité et abondance.

Petite anecdote : je prends un ascenseur. Des yeux, je cherche 4. Non, ce chiffre n’y figure pas. Puis on m’explique qu’ici on évite, autant que possible, de trop l’utiliser. Il suggère l’indéfini. Néfaste ou non ? Je l’ignore encore. Le chiffre 8, par contre, indique la plénitude et la porte du bonheur. Intrigué, je me tais. Pour l’instant, je mets ce mystère de côté. Chaque chose en son temps. Viendra bien le moment pour mieux m’interroger pourquoi.

Mon regard est-il trop idyllique ? Loin des mauvais clichés fortement médiatisés par leurs ennemis jurés, leurs adversaires de plus en plus effrayés ? Serais-je sous influence d'une propagande communisante insidieusement subséquente ? Sincèrement, il me faudra du recul pour mieux me secouer les idées. Mais au moins, là maintenant, je me convaincs de me débarrasser de mes anciens préjugés. Comment la Chine fait-elle pour continuer à grandir comme grande nation ? Je finirai bien par trouver réponse à cette belle et bonne question. 

Il est vrai que j’ai encore vu peu de choses, à peine entrevu les ruelles sombres et les bas-fonds des quartiers populaires. Derrière les artères bien illuminées ne se tapit-elle pas la pauvreté ? Fort probable, à chaque médaille son revers. Dans les campagnes de leur immense territoire, m'avoue-t-on, des brassées entières de population croulent encore sous la pauvreté et agonisent dans la pire misère. Face à tout ça, on verra bien dans dix ans comment la Chine évoluera. Pour l’instant, je m’instruis de ce que je vois et prends leçon des meilleurs aspects. Mon idéal pour notre pays trouve ici, comme prévu, de quoi s’inspirer.

Ah ! Avant que je n’oublie. Mon premier janvier, un dimanche pour cette année, je l’ai vécu comme je l’aime bien. Messe à la cathédrale du Sacré-Cœur, un monument séculaire de la ville, où les africains sont vingt fois plus nombreux que les asiatiques. Plutôt déroutant au premier abord ! Premier jour du calendrier grégorien en Chine, office en anglais pour un francophone luthérien priant dans une cathédrale catholique au milieu d’africains au look extravagant pour certains. C’est peut-être ça aussi finalement le village global, non ?

Hier, cadeau de la vie et clin d’œil du destin. J'ai eu l'occasion de méditer dans un authentique temple bouddhiste. Le premier vrai temple de ma vie, en Asie ! Je te laisse imaginer… 

Guangzhou, Liurong temple

Tu voudras bien, ma fille, transmettre à tout le monde sans exception mes vœux les plus sincères ? Dis à chacun de ma part :

恭喜发财  Soyez heureux et prospère.


Guangzhou, vendredi 13 janvier 2012.


RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey.

FAnambinana MAdagasikara – FAMà.



(1) Pour plus d’informations, voir www.web-libre.org

« Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera. » Cette phrase prononcée par Napoléon 1er à Sainte Hélène en 1816 est prophétique. Alain Peyrefitte l’a reprise comme titre de son livre paru en 1973. Cet ouvrage, classé parmi les grands classiques, décrit la culture millénaire chinoise et explique les dessous de la révolution culturelle dirigée par Mao Tsé-Toung. Pour mieux comprendre comment le monde se rééquilibre aujourd’hui, il peut s’avérer utile de s’y référer à nouveau.

(2) Source : Wikipédia

Avec près de 12,7 millions d'habitants (dont 11 070 000 résidents urbains sur un territoire de3 843 km2), c'est la troisième ville la plus peuplée du pays derrière Shanghai et Pékin, et la première du Sud de la Chine. Avec les villes de Shenzhen, Foshan, Dongguan, Zhongshan, et Jiangmen, elle forme la mégalopole chinoise du delta de la Rivière des Perles, grande agglomération s'étirant sur près de 20.000 km² et rassemblant près de 40 millions d'habitants. Elle a accueilli les Jeux asiatiques de 2010.

Capitale de la province du Guangdong, la province de Chine continentale la plus riche en termes de PIB, elle contribue beaucoup à la production des richesses du pays. Guangzhou est la principale plaque tournante des produits manufacturés du delta de la Rivière des Perles, et l'une des principales agglomérations commerciales de la Chine continentale. En 2009, le PIB nominal de la ville a atteint 911,28 milliards de yuans, soit 133,5 milliards de dollars américains USD, celui par habitant étant de 89.498 yuans ou 13111 dollars. La Foire de la Chine Import et Export, également appelé "Foire de Canton", est organisée chaque année en avril et en octobre par le ministère du Commerce chinois. Inaugurée au printemps de 1957, (…) c’est l'une des plus grandes foires commerciales du monde. On y négocie aussi bien du textile que de l'électronique. 




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