jeudi 12 décembre 2013

Favori vs Challenger (Suite)

AVANT-PROPOS


Dans leur édition en soirée du 10 décembre, les journalistes de la station TV Plus, « Mahita volana alohan’ny biby (alohan’i Habib ?) », révèlent : « Fantatra izao fa mangataka hiaraka amin’ny Hery Vaovao koa i Vahömbey. » D’où cette station aurait-elle tenu un aussi gentil petit scoop, non-recoupé selon les règles du métier mais qui buzze désormais dans les chaumières ? Mystère !

Jusqu’à ce jour, l’auteur de ces lignes n’a pas encore fait de déclaration publique, ni dans un sens ni dans l’autre. Seules des démarches de demande d’audience pour un échange de vues, sans promesse d’engagement, ont été effectuées. Dommage que les accès directs auprès des principaux concernés soient fortement verrouillés. Surtout du côté de Jean Louis Robinson dont la cour politique est si prompte à la suffisance. Par contre, nettement plus de civilité du côté de Hery Rajaonarimampianina. Il reste à faire coïncider les agendas pour un éventuel tête-à-tête.

Votre serviteur a des idées à partager et des valeurs à défendre auprès de celui qui accordera son attention à ce qu’il représente comme idéaux et talents ainsi que moyens et ressources. Il votera pour le candidat dont l’état d’esprit lui semblera le plus ouvert, et la démarche assez pragmatique pour remplir, fût-ce en partie, les attentes de ses sympathisants. Au nom du combat pour la justice sociale, il saura assumer son choix le jour où ce sera à faire.

Avant de sortir de sa réserve d’usage, il s’astreint à un délai de réflexion pour parachever en toute conscience ses séances d’observation. Plateau de choix pour ce faire que les prestations des finalistes hier soir à la TVM  lors du débat sur la diplomatie et les relations internationales !

POINT DE VUE

Autant avertir les lecteurs que les propos suivants n’auront valeur que d’opinions qui, selon la formule consacrée, n’engagent que leur auteur. Celui-ci adoptera la conjugaison à la première personne pour laisser, tel un chroniqueur, libre cours à ses appréciations forcément subjectives. L’exercice consiste à profiler les intervenants à coup de décryptage d’expressions, d’attitudes et de comportements. Faut-il rappeler qu’il s’agit du prochain numéro un du pays et donc d’une personnalité d’une  extrême importance, théoriquement modèle et référence par excellence ?

Difficile de demeurer de marbre devant le navrant spectacle à sens unique d’hier soir. Désolant par rapport à l’enjeu, le sujet, l’assistance et le décor ! Et cette cavalière manière du candidat prétendument favori d’infantiliser le grand public téléspectateur ! Rien de tangible côté fond. Pratiquement tout dans la généralité, la harangue et la remontrance !! Et comble d’inélégance pour une prestation de ce niveau, après l’accolade de toutes les hypocrisies au sortir du plateau, oublier manifestement de saluer les hôtes modérateurs-animateurs. Dont une dame ! Avant de se rattraper lourdement.

Ce n’était que la deuxième fois. La première, c’était dans les locaux de la TVM la semaine dernière. A moins bien sûr que ce n’ait été franchement délibéré. Le bon sens étant la chose la moins partagée du monde, largement en-dessous de la goujaterie. De quoi sincèrement se poser des questions si jamais ce candidat-là franchit le second tour des élections. Il aurait, en définitive, largement de qui tenir puisque son mentor était lui-même champion toutes catégories du genre à l’époque de sa puissance.

SACRILEGE

Inventorions aussi ce trait d’esprit singulièrement déplacé dans un contexte culturel spécifiquement malagasy: écorcher le nom d’un vis-à-vis. Nom familial, par-dessus le marché. Le comble est de le faire sciemment. Basse offense s’il en est, surtout pour une récidive. Prononcer carrément RajaonarimampiONONA en lieu et place de RajaonarimampiANINA.

Oser le faire dans des circonstances identitaires usuelles équivaut à détrousser l’honneur pour provoquer la guerre. Etait-ce donc le but de Monsieur Jean Louis Robinson ? Désolé ! Ce serait trop …, trop méconnaître les règles de cette terre où le cordon ombilical ne se jette pas dans les poubelles des cliniques mais respectueusement s’enterre. De préférence, en-dessous de la pierre plate du seuil de la maison ancestrale.

Pour le malagasy, le nom est plus qu’une simple appellation pratique pour distinguer un individu au sein d'une multitude ou d'une perpétuation généalogique. Il représente le connecteur symbolique avec la matrice tellurique. C’est le nom qui porte l’individu et non l’inverse. Sacré, un nom ne se prononce pas à tort et à travers comme Jean Louis Robinson a osé le faire en public face à Hery Rajaonarimampianina. Trop désinvolte comme bévue de la part d’un individu à la conquête d’une dimension statutaire aussi exceptionnelle que celle d’un Président de la République !

INDIGENE

Trop peu de sang indigène coule-t-il peut-être dans ses veines pour afficher autant d’indélicatesse vis-à-vis des moeurs de cette terre d’accueil de ses ancêtres migrants sur le tard ? Les travaux forcés des chemins de fer d’antan ne sont sujets de fierté que pour les héritiers du bon côté de la barrière. Ils ne le sont du tout, mais alors pas du tout pour les autres. C’est-à-dire pratiquement pour toute descendance de la population soumise au joug de la servitude colonialiste. Et cela, même sous couvert d’un beau slogan de raccommodage. Ou de racolage, c’est selon. Du genre « Ny vahoaka aloha » dont l’interprétation peut prêter à toutes les controverses, tendancieuses à volonté en fonction du contexte.

Y aura-t-il de quoi s’étonner si Jean Louis Robinson s’agrippe à la seule alternative de cogestion quand on lui parle du devenir des Iles Eparses ? Surtout quand son vis-à-vis ose se prononcer pour l’appropriation, quitte à user de tournures diplomatiques pour s'y résoudre ! Au public connaisseur de trancher.

Quant à la question de son appartenance à une loge et de ce que cela laisse supposer, personne ne sera dupe de sa réponse évasivement détachée. A moins que ce genre de scellage ne soit aussi facilement cassable qu’il le prétende. Encore une fois, au public averti de trancher. D’ailleurs, la coïncidence du sommet France-Afrique avec le décès de Nelson Mandela constitue en soi tout un symbole. Une riante facétie dont seule l’Histoire connaît l’alchimie.

BOOMERANG

Trop occupé à vouloir asséner des manchettes assassines à son adversaire décidé à encaisser stoïquement, le candidat Robinson n’a cessé de resservir à son public les pires reflets de sa quotidienneté. Il sera parvenu à ses fins avec ses réchauffés à la file. Dégoûter ! Ce dont il se sera peu douté est qu’à force d’être ramené au passé par le collet, le public se met à se réveiller sans forcément regarder dans le sens que, lui, il souhaitait.

La question des pitoyables redevances minières, par exemple. Les négociations dataient-elles de quel régime déjà ? A force de secouer les démons de la haine contre le régime des putschistes, il fera dégringoler les cadavres en train de pourrir dans les placards de son propre camp. La part de passé qu’il tient à maquiller est loin d’être aussi reluisante qu’il l'assure sinon nous n’en serions pas là aujourd’hui. Les cinq années de la Transition n'y auraient pas suffi. La débâcle a commencé bien avant. Depuis l'Annexion. Y compris, l’époque Ravalomanana. Les argumentaires sont là, il suffit de les exhumer.

Si nous semblons aussi ruinés, c’est aussi à cause de la guerre d’usure interminable entre deux bénéficiaires de coups d’Etat. Le premier, celui de 2002 et le second, de 2009. Sauf que Ratsiraka a laissé Ravalomanana gouverner en paix. N’en déplaise aux détracteurs de l’un comme aux thuriféraires de l’autre, Rajoelina n’avait pu profiter d’une telle largesse de la part d’un Ravalomanana excessivement rancunier. Telle est aussi la vérité.

REÏ

Ces cinq dernières années, tout en oeuvrant pour le sursaut citoyen et la non-violence tel que le prouvent mes quelques 200 articles publiés dans ce blog-ci et diffusés sur les réseaux sociaux, je n’ai jamais cessé de revendiquer les élections. Enfin, ce volet-là sera bientôt bouclé. Notre pays aura un régime légalement constitué pour avancer vers le progrès. 

J’attendrai de rencontrer personnellement  Hery Rajaonarimampianina pour savoir si nos visées respectives ainsi que nos modalités de fonctionnement peuvent s’ajuster. Si non, je demeurerai dans l’opposition.

Au point où j’en suis, je ne voterai pas pour Jean Louis Robinson. Le personnage public qu’il est en train d’afficher, ne ressemble guère au sempaï devant lequel le kohaï que je suis, ne manquera jamais de s'incliner pour le reï.

Antsirabe, 12 décembre 2013

RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey

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