lundi 23 décembre 2013

JOYEUX CŒUR DE NOËL !

J’ai toujours milité publiquement pour la paix et la non-violence. Que ce soit en 1991 entre Zafy et Ratsiraka, à l’antenne quotidienne de la Radio-Madagasikara. Ou en 2002 entre Ratsiraka et Ravalomanana, sur les ondes matinales de Radio-Mada. Et depuis 2009, entre Ravalomanana et Rajoelina.

 Quand j’avais proposé dès mi-2009 de brandir le Saina Fotsy, la bannière blanche en faveur de la paix universelle, personne n’a suivi. Beaucoup ont même peut-être ri. Par provocation citoyenne, je m’étais engagé pour les présidentielles à mes seuls frais ainsi que risques et périls pour symboliser concrètement la voie médiane de la paix pour la prospérité. Jamais de toute ma vie, défaite ne fut aussi belle.

Que je me fasse traiter de tous les noms m’importe peu quand aujourd’hui, à travers leurs déclarations intempestives de victoire avant la lettre et de dévalorisation des rouages du processus électoral, des inconscients préparent manifestement l’opinion publique aux éventualités d’un pogrom pour satisfaire leur orgueil politicard… Je refuse de me taire. Non à toute complicité passive et silencieuse. Donc, criminelle !

C’est très simple. Qu’on se mette à la place des minorités vulnérables, les cibles les plus faciles de toute manipulation abjecte de violences aveugles au nom d’un populisme assassin. Autant stigmatiser d’office tous ceux qui ont faciès d’étranger où qu’ils puissent se trouver. Et rayer de la surface du pays tous ceux qui osent penser hors des carcans partisans.

Est-ce faire contre-courant que de désirer ardemment la paix pour voir enfin arriver la prospérité ? Bonté de bonté, faisons régner la sérénité. Pour qu’il y ait tranquillité autour de nous, installons d’abord le calme en nous. C’est ainsi qu’un Cœur de Noël se crée.

Merci d’avoir la patience de parcourir les lignes ci-après. Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé « Le Dalaï-lama parle de Jésus » (1). Début de citation.

AIME TON ENNEMI, Evangile de Matthieu 5, 38-48

« Vous l’avez appris : il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui l’autre aussi. Si quelqu’un veut te citer en justice pour avoir ta tunique, abandonne-lui aussi ton manteau. Si quelqu’un veut te contraindre à faire un mille avec lui, fais-en deux. Donne à qui te demande, et n’esquive pas celui qui veut t’emprunter.

Vous l’avez appris : il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu pourras haïr ton ennemi. Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis. [Faites du bien à ceux qui vous haïssent], priez pour ceux qui vous [maltraitent et vous] persécutent. Vous serez ainsi les fils de votre Père du ciel, qui fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains même n’en font-ils pas autant ? Si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’en font-ils pas autant ? Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. » [Matthieu, 5, 38-48.] 

Le contexte chrétien

Le Sermon sur la Montagne se présente dans les premières pages de l’Evangile de Matthieu qui est le premier des quatre Evangiles. Comme tous les autres, il a été écrit et doit être lu non pas comme un compte rendu historique mais comme l’expérience de la Résurrection appliquée à l’histoire. Les Evangiles, par conséquent, se comprennent à la lumière de la résurrection. Le mot évangile en grec (evangelon) signifie « bonne nouvelle ».

L’auteur de chaque Evangile (l’« évangéliste ») envisage la vie et l’enseignement de Jésus sous un angle qui lui est propre parce qu’il s’adressait à un public différent. D’où la diversité des Evangiles qui, avant d’être consignés par écrit (en grec) furent d’abord des traditions orales (en araméen). Ainsi, le livre de Matthieu fut probablement écrit pour un groupe de chrétiens d’origine juive, environ cinquante ans après la mort et la résurrection de Jésus.

Ce passage est extrait du Sermon sur la montagne, un enseignement de Jésus qui figure dans deux Evangiles (Matthieu et Luc). Les bouddhistes penseront au Sermon du parc aux cerfs du Bouddha. Le Sermon sur la montagne fut prêché par Jésus en plein air devant une foule nombreuse. Il contient la quintessence de son enseignement éthique et religieux. Il souligne par exemple l’importance de dépasser la stricte observance extérieure du rite pour accéder à la religion du cœur.

Pour la première partie de ce passage, Jésus demande à ceux qui le suivent de ne pas chercher à se venger de ceux qui leur font du mal. Cette idée se démarque de l’ancienne loi de la vengeance en vigueur dans tout le Proche-Orient. Jésus va même jusqu’à dire que nous ne devons pas résister à ceux qui nous font du mal. Dans le style juif typique, par l’exagération, il accentue son propos en déclarant que nous devons tendre l’autre joue et toujours donner ce que l’on nous demande. Ses adeptes sont incités non seulement à céder, mais à donner plus qu’il ne nous est demandé.

L’allusion à la tunique et au manteau se comprend mieux quand on sait que le paysan palestinien de l’époque ne portait pas d’autre vêtement.

Le principe de non-résistance et d’abandon ne pouvait pas être affirmé plus clairement. Néanmoins, ces enseignements ont donné lieu par la suite à maintes rationalisations.

La seconde partie de ce passage traite de l’amour des ennemis. Le « prochain » désigne tout homme du village ou du groupe. L’« ennemi » désigne une personne qui vous fait du mal ou un simple étranger. Aimer son prochain familier, donc, ne suffit pas. Ce n’est pas ainsi que l’on réalise la pleine vocation humaine qui est d’être « comme Dieu ».

Les premiers penseurs chrétiens ont affirmé que Dieu s’était fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu. Cet enseignement de Jésus montre que nous devenons « fils de Dieu » en aimant tout homme aussi impartialement que Dieu l’aime. La perfection de Dieu est sans limite et la perfection humaine doit le devenir également. Le mot hébreu correspondant à « parfait » signifie « entier » ou « intégral ». C’est l’amour des ennemis qui garantit l’intégrité de la vie humaine.

Les « publicains », ou collecteurs d’impôt, collaboraient avec les forces romaines qui occupaient la Palestine, tout comme le Tibet est aujourd’hui occupé. »

Fin de citation. A toutes et à tous,

Joyeux Cœur de Noël !

Antsirabe, 23 décembre 2013.

RABEARISON Roland Dieu Donné Vahömbey.


(1)   «Le Dalaï-lama parle de Jésus ». Une perspective bouddhiste sur les enseignements de Jésus. Titre original : « The good heart ». Présentation de Jean-Paul Ribes ; Préface de Robert Kiely ; Introduction du père Laurence Freeman O.S.B. ; Traduit de l’anglais par Dominique Lablanche. Editions J’ai lu, 1996, pp. 200-203.




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