lundi 16 septembre 2013

Au boulot…!


Retroussons les manches.

Une fois à la présidence, il nous faudra travailler dur, vite et à temps plein pour engager le pays vers le succès le plus tôt possible. Nous aurons autant besoin les uns des autres que de nous retrousser les manches. De la sueur et du labeur seront tous les jours notre lot commun à tous et à toutes pendant quelques années. A nous de mettre du cœur à l’ouvrage pour tailler nous-mêmes notre route vers un bonheur plus à créer qu’à espérer. Décidé à donner le meilleur de moi-même durant mon unique mandat, avec l’aide de Dieu et soutenu par les bonnes volontés de la nation, je me promets d’acheminer Madagasikara vers le progrès.

La notion de progrès est ici à comprendre sous deux acceptions. Mieux-vivre, d’une part. Et développement, de l’autre. Fondamentalement subjectif, le mieux-vivre se base sur le ressenti. Il y est question d’appréciation toute personnelle de la qualité de vie. Le développement, lui, s’analyse et se quantifie en répondant à des critères objectivement établis au point de se traduire  par des taux. Par exemple, de croissance.


Autant clarifier les choses. Nous aurons à remonter la pente de ces profondeurs abyssales où nous sommes en train de croupir. Ce à quoi je m'engage, c’est de créer la meilleure atmosphère psychologique que les malagasy aient jamais connue. Le climat de confiance sera suffisamment dense entre nous tous pour être palpable par chacun de nous. A tel point que chacun se sentira motivé en lui-même pour progresser quelle que soit la rudesse des conditions du quotidien. C’est ce que j’appelle stade initial du mieux-vivre.

Coach-Président.

Le coach professionnel que je suis saura s’entourer des meilleures compétences en management pour établir les bases d’un développement qui convienne à terme à l’ensemble de la population. Le développement, dans son acception courante contemporaine, relève d’une expertise d’une complexité croissante. Sous cet angle-là, je ne suis pas un « développeur ». Par contre, je dispose de l’expérience, de la sensibilité et de la volonté téméraire dont Madagasikara a besoin pour se relever.

Mon rôle est de préparer l’arrivée au pouvoir de nos spécialistes en développement. Autrement dit, tel un simple technicien de surface, il me revient de déblayer le terrain afin de donner le champ libre, sitôt mon mandat accompli, aux experts en ingénierie du développement.

Mon travail en tant que chef d’Etat sera surtout centré sur la régulation des affects. Autant au sein de mon entourage immédiat qu’à l’échelle du pays. Tant de contraires sont à concilier. Que d’antagonismes partout dans notre société ! Gouverner pour annihiler la latence de la crise consiste à établir des passerelles même entre les divergences les plus assassines.

Compter sur le elanelam-panahy – spirit agreement - pour équilibrer les marimaritra iraisana – compromis – sans qu’aucune partie ne se sente menacée de compromission. Le sens politique, dans ces circonstances-là, répondra plus de l’art que de la science, du talent que de la compétence. Artiste dans l’âme, j’y serai plus à l’aise que tout autre prétendant. Musicien de carrière, j'ai cultivé toute ma vie un sens de l'écoute que je saurai mettre à profit pour régler à l'amiable les différends. Le diapason est pour moi ce que l'équerre est au maçon.

Candidat des pauvres ?

Dans cette cohorte de candidats et candidates aux présidentielles où les naufrageurs sont légion, je me sens à l’aise dans ma vocation de sauveteur car pour faire face aux échéances électorales, je suis aussi démuni que les 92% de mes concitoyens. Je n’attendrai pas d’être à Iavoloha pour retourner une situation apparemment défavorable puisque je sais déjà fonctionner avec zéro budget. Ne rien avoir sous le coude contraint à créer presque tout de ses propres mains. Et mieux encore, cela invite à mieux respecter l’humilité des humbles et à savoir coopérer avec les plus modestes. Détail psychologique d’une importance capitale pour un prétendant à la Présidence de la République.

Oserai-je, pour autant, m’ériger en candidat des pauvres et des démunis ?

Oui, puisque moi-même, comparé à mes concurrents dans le contexte électoral, je fais figure de 4’mi. Je saurai comprendre les 92% mieux que quiconque puisque, toutes proportions gardées, je ressens dans ma propre chair leur souffrance, leur dénuement et leur vulnérabilité. Pour eux comme pour moi, chaque pas est une victoire à gagner sur soi-même.

Non, puisque ma volonté est de convaincre, à défaut de séduire, les 8% de nantis de tirer vers le haut leurs compatriotes moins favorisés. Notre société présente un profil si pyramidal que le danger d’une chute fatale la guette de jour en jour. Notre survie à tous dépend de la renaissance de nos classes moyennes.

De gauche, je me prétends plus humaniste que socialiste dans ma praxis, ma pratique politique. Tout ce que je souhaite, c’est une répartition juste et équitable des moyens, des ressources et des opportunités. Une communauté rurale se réjouira plus de disposer d’un tracteur armé de tous ses accessoires que d’une Hummer dernière génération. Et l’inverse, tout aussi vrai pour un opérateur minier dont l’inconvénient du métier est de se faire ballotter par monts et par vaux à longueur d’année.

Le concept directeur de mon quotidien a toujours été l’harmonie, c’est-à-dire à la fois l’équilibre des parties et la stabilité de l’ensemble. Il en sera de même pour le dirigeant politique que j’aurai à incarner.

Révolution.

Terminons sur des notes d’humeur aigrement légères. Des amis m’ont demandé : 

« Pourquoi refuses-tu de te faire financer par nos circuits auxquels ont recours pratiquement tous les candidats et candidates ? 

Et surtout, ne redis pas encore une fois que c’est pour éviter d’hypothéquer ton pays en contrepartie. Cet impair désobligeant, tu l’as déjà suffisamment crié sur les toits. A moins que tu ne veuilles jouer de ton orgueil déplacé ou te faire ton mauvais cinéma de petit candidat ? 

Ne trouves-tu pas que ces histoires de vahoaka madinika (1) , c’est ça qui pourrit le pays ?! Ici, on s’enorgueillit d’être petit pour hypocritement jalouser les gros derrière leurs dos. Et toi comme si tu ne le savais déjà tout ça, tu te qualifies en public de kandidà madinika (2). Tu veux la révolution ou quoi, toi ?!? »

Ces amis-là devineront-ils jamais pourquoi je leur ai souri sans rien répondre tout en m’éloignant ?

Simplement parce qu’ils auront tout compris. A la seule, quoique monumentale, différence que La REVOLUTION, je la vois non contre eux. Mais aussi AVEC eux.

Antsirabe, 16 septembre 2013

Rabearison Roland Dieu Donné Vahömbey.

Nom scientifique: Aloe Vaombe. Nom vernaculaire: VAHÖMBEY


(1)   Petit peuple

(2)   Petit candidat

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