dimanche 30 septembre 2012

Arrêtez d'humilier "TOKANONO" et de diaboliser les Malagasy du SUD !

L E O   M P I F I K A F I K A   P Ô L I F I K A  !!!


Copie conforme d'un article publié récemment sur un forum citoyen. Sujet: " TOKANONO".

Mesdames et messieurs,

Suite à l'interpellation de (...).

Nous sommes outrés, voire blessés, par la forte médiatisation du fameux cliché des orgueilleuses forces de l'ordre contre les obscurantistes fahavalo mpilalao odigasy. 

Il suffit aujourd'hui d'être poussiéreux be lamba en kiranyl et au faciès inhabituel avec des odigasy dans des sacs en plastique comme sacoche de fortune, pour se faire arrêter manu militari à l'entrée de toute agglomération rurale ou urbaine ! 

Quand ce n'est pas tout simplement l'exécution pure et simple sans aucune forme de procès. La vendetta s'installe sournoisement, dangereusement dans les moeurs. Si ce n'est pas embryon de guerre civile que ça s'appelle !

Et comme presque tous les "pauvres bougres de broussards et de campagnards" fuient leurs localités d'origine à cause de la terreur qui y règne ! La boucle est bouclée !! En brousse comme à la campagne, tout vahiny inconnu est un "fahavalo" en puissance, qu'il soit en uniforme ou non. Homme ou femme, adolescent ou vieillard, ... Désormais, peu importe !

Aussi, sommes-nous de ceux qui soutiennent les assertions de Solo Raharinjanahary (1), un universitaire dont nous apprécions l'aisance en matière de connaissance des réalités profondes du Sud de Madagasikara.

Pour votre information, depuis des mois et des mois, nous intervenons directement sur terrain partout sur le territoire pour limiter les dégâts de l'insécurité généralisée. 

Il est vrai que par rapport à l'ampleur de la tâche, nous sommes encore en nombre insuffisant quoique nous soyons en train de rallier de plus en plus de bénévoles à notre cause de servir de tampon-fusible au prix de heurts quelques fois meurtriers.

Paix aux âmes des nôtres qui ont payé de leurs propres vies leur engagement de rétablir coûte que coûte la paix. Et par respect pour elles, merci aux sermonneurs de service, par ailleurs bénéficiaires d'office des actions entreprises, de nous épargner leurs diatribes sur les réels risques de dommages collatéraux. 

Nous choisissons délibérément de servir nous-mêmes, chaque fois que nous le pouvons, de rempart aux vulnérables et aux indigents sans avoir à médiatiser nos opérations. Par souci d'efficacité, nous nous conformons à une règle de discrétion afin de préserver l'identité des nôtres. Et d'ailleurs, passer à l'acte nous prend tout notre temps.

Nous brisons aujourd'hui le silence pour donner courage aux citoyens et aux citoyennes qui oeuvrent sincèrement, tous et toutes, dans leurs domaines de prédilection. 

Courage ! Courage !! Nous nous en sortirons tous et toutes. Que personne ne baisse surtout les bras !

Ceci dit, grand merci à (nom du forum) qui nous sert efficacement de bel observatoire. Toute notre reconnaissance à ses membres, particulièrement à ses fidèles intervenants et intervenantes, qui nous aident beaucoup à nous situer par rapport à certains sujets épineux.

Merci de votre attention.

BEzoro Karaté-Do
Katanà SAINA FOTSY











(1) Ci-après, reproduction de l'article de Solo RAHARINJANAHARY, parution dans La Gazette de la Grande Île.

Sur « Tokanono » :
Un universitaire réagit sur les méconnaissances de nos traditions

Mercredi, 19 septembre 2012

Face à la publication dans tous les journaux de la capitale de l’image de la dite                « Tokanono », Solo Raharinjanahary, Professeur d’université et non moins ancien Doyen de la Faculté des Lettres de l’Université d’Antananarivo, apporte des éclaircissements. Il parle d’une certaine méconnaissance de nos traditions.

Je suis très frappé de ce qu’ -apparemment- personne ne s'est aperçu que le nom de « Tokanono » est une référence à la tradition orale malgache. Dans le grand récit mythique de Tsimamangafalahy, « Tokanono » est le nom du devin (ou de la devineresse) du grand héros Tsimamanga. Par exemple, dans Contes masikoro, Foi et Justice, 1995, p. 31 et suivantes (…)

En lisant la réaction d’un chroniqueur d’un quotidien de la capitale paru ce mardi 18 septembre, je trouve que la référence culturelle qu'il trouve, c'est le rapprochement avec un roman érotique chinois traduit en français. C'est certainement révélateur, que personne ne repère une référence à la tradition malgache. Si la sorcière en question a été surnommée « Tokanono », c'est évidemment parce que « Tokanono » est le nom du devin (ou devineresse) du chef. Que Remenabila est censé avoir eu recours aux services d'une « Tokanono » dans l'idiome culturel du Sud de Madagascar, c'est comme si on disait que c'est un roi.

C'est remarquable de constater la méconnaissance des références culturelles malgaches chez les journalistes, chez les commentateurs politiques, chez les citoyens branchés sur internet, etc. C'est un peu comme si un personnage européen était connu sous le surnom de « Cassandre ». Evidemment, tous les commentateurs des journaux iraient chercher la signification de ce nom dans la mythologie du monde méditerranéen. Et tout le monde remarquerait que « Cassandre » était la devineresse de Priam, le roi défenseur de Troie, dans l'Iliade, le plus grand mythe de l'antiquité grecque.

Si je regarde les photos qui ont été publiées, je suis frappé de voir la personne arrêtée, une petite femme, presque naine, et visiblement contrefaite.  Elle est entourée de ses « vainqueurs » qui sont une rangée de grands hommes visiblement très bien constitués, en pleine possession de leurs forces physiques, et fiers de leurs armes et de leurs camions. Comment se fait-il que les défenseurs patentés de l'approche genre et des droits des handicapés ne s'aperçoivent pas de ce que représentent ces images ? Pour moi elles montrent un exemple typique d'une femme opprimée par des hommes, qui abusent de leur force physique et de leurs moyens matériels. Et c'est aussi une image montrant une handicapée humiliée par des hommes sans handicap. Et on ne le voit pas ?

Le nom « Tokanono » s'applique, dans la tradition héroïque malgache, tantôt à un devin, tantôt à une devineresse, tantôt à une personne de sexe indéterminé. Dans ce troisième cas, les traditionnistes disent qu'on ne peut pas savoir si c'était un homme ou une femme. (…) La présence dans la culture malgache la plus traditionnelle du thème de l'indifférenciation sexuelle. Et au lieu de comprendre ça, les commentateurs réagissent en faisant leurs petites blagues émoustillées de vieux mâles stupides, sûrs de leur virilité ! C'est un peu triste.

Cela me laisse l'idée que les défenseurs des droits des femmes et des droits des handicapés ne sont pas très attentifs à ce qui se passe dans la société. Ils sont peut-être plus préoccupés de surveiller les opportunités de crédits pour leurs Ong ? (…)

Pour conclure, je suis spécialement attristé de voir que certains journalistes et chroniqueurs n'ont rien trouvé ! Cette méconnaissance est l’arbre qui cache la forêt ! Autrement, à défaut de trouver les vraies solutions à l’insécurité, on brûle des villages entiers pour n’importe quelle raison, on trompe l’opinion sur des faits divers, et on se gargarise de petites victoires jusqu’en haut de la hiérarchie.
Solo Raharinjanahary



T O F O K A   P Ô L I F I K A   M P A N A L I K A   !!!


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